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Pompiers et bénévoles poursuivaient désespérément les recherches de personnes ensevelies sous une marée de boue à Petropolis, ville touristique du Brésil où des glissements de terrain et inondations ont fait au moins 104 morts, menacée jeudi de nouvelles fortes précipitations.
Dans les rues survolées par les hélicoptères des sauveteurs, de nombreux habitants parlaient jeudi matin de proches ou voisins disparus, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon un décompte du parquet de Rio, qui a fait un appel à témoins, 35 personnes sont portées disparues.
"Malheureusement, ça va être dur de trouver des survivants. Vu la situation, c'est même pratiquement impossible, mais nous devons donner notre maximum, pour pouvoir rendre les corps aux familles", confie à l'AFP Luciano Gonçalves, un bénévole de 26 ans couvert de boue.
"Il faut prendre beaucoup de précautions parce qu'il y a encore des zones à risque", menacées par des glissements de terrain, ajoute-t-il.
Sansao de Santo Domingo, caporal de Police militaire venu prêter main forte aux secouristes, est parvenu jeudi à sauver un petit chien gris au milieu des décombres d'une habitation en haut de la colline.
"Il était apeuré, il a même essayé de me mordre quand je suis arrivé. Il défendait son territoire, parce qu'il savait que ses maîtres avaient certainement été ensevelis juste en-dessous, dans la boue", explique ce policier.
Quelque 500 pompiers ont repris leur mission de sauvetage tôt jeudi matin, après une interruption de quelques heures dans la nuit en raison de l'instabilité des sols gorgés d'eau, dans cette ville de 300.000 habitants située à 60 km au nord de Rio de Janeiro (sud-est).
Mais la situation menace d'empirer. La défense civile a lancé un avis de "nouvelles fortes pluies (jeudi) en soirée ou la nuit prochaine" et averti que "de nouvelles alertes peuvent être lancées à tout moment".
- "Pires pluies depuis 1932"-
En cas de fortes pluies, "les personnes se trouvant dans les zones à haut risque doivent se réfugier en lieu sûr", a averti la Défense civile, ajoutant que plus de 700 personnes avaient déjà été recueillies dans l'une des 33 écoles.
Le bilan s'était alourdi mercredi d'heure en heure, après les pluies torrentielles qui ont transformé les rues pittoresques du centre en rivières de boue, détruit des maisons et renversé des dizaines de voitures.
Petropolis a reçu en quelques heures mardi soir davantage de pluies que la moyenne de tout un mois de février, selon l'agence météorologique MetSul.
Le gouverneur de l'Etat de Rio de Janeiro, Claudio Castro, a estimé mercredi lors d'une conférence de presse sur place qu'il s'agissait des "pires pluies depuis 1932".
Le Brésil a été frappé en cette saison des pluies par des précipitations particulièrement meurtrières - dans les Etats de Bahia (nord-est), Minas Gerais et Sao Paulo (sud-est) - que les experts ont liées au réchauffement climatique.
- Voitures roues en l'air -
Avec le réchauffement climatique, les risques d'épisodes de fortes précipitations augmentent, selon les scientifiques. Ces pluies, associées notamment au Brésil à une urbanisation souvent sauvage, favorisent inondations et glissements de terrain meurtriers.
A Petropolis, ancienne résidence d'été de la Cour impériale, la boue a enseveli des habitations et des toits en tôle arrachés jonchaient le sol.
Des voitures, emportées par des rivières de boue, se retrouvaient les roues en l'air ou empilées sur d'autres véhicules. Des commerces ont été inondés par l'eau qui a dévalé dans les rues du centre historique.
Petropolis, avec ses vieilles maisons cossues, est une destination qui attire un grand nombre de touristes en quête d'histoire, de randonnées dans une nature montagneuse et verdoyante et d'un climat tempéré.
En janvier 2011, plus de 900 personnes avaient péri en raison d'inondations et des glissements de terrain dans une vaste région comprenant Petropolis et les villes voisines de Nova Friburgo, Itaipava et Teresopolis.
Le nombre de décès dû aux pluies diluviennes de mardi a déjà dépassé le bilan de 2011 pour Petropolis, quand 73 personnes avaient trouvé la mort.
(T.Burkhard--BBZ)