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Outre les sanctions contre les oligarques russes proches du Kremlin, les Occidentaux doivent sévir davantage et viser les intermédiaires participant à la dissimulation de leurs avoirs, plaide Bill Browder, financier britannique faisant campagne contre la corruption après avoir eu des déboires en Russie.
Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine ordonnée par le président Vladimir Poutine, qui a suscité l'opprobre dans le monde, les sanctions vont crescendo contre les intérêts russes: banques et oligarques voient leurs avoirs gelés, la banque centrale russe est lourdement pénalisée et les avions russes sont bannis de nombreux espaces aériens.
Viser les milliardaires fidèles au régime a pour but de "le priver des flux d'argent" indispensables au financement de la guerre, explique Bill Browder, le patron du fonds d'investissement Hermitage Capital, interrogé par l'AFP à sa sortie d'une réunion au 10, Downing Street à Londres.
"La façon la plus directe de le faire" est de sanctionner les oligarques qui, pour "la plupart", "gardent de l'argent" pour Vladimir Poutine, ajoute-t-il.
- Affaire Magnitski -
Bill Browder mène une campagne d'adoption internationale d'une loi sanctionnant les individus accusés de violer les droits humains après que son avocat russe, Sergueï Magnitski, emprisonné à Moscou après avoir dénoncé un important réseau de corruption, eut trouvé la mort en 2009 en prison, où il avait été battu et privé de soins.
Après l'adoption de "lois Magnitski" permettant de sanctionner des individus pour corruption aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada ou dans les trois républiques baltes, Bill Browder a fait de la France sa prochaine priorité.
Pour Bill Browder, si les sanctions occidentales vont dans le bon sens, la liste des oligarques sanctionnés est "assez courte" et devrait être "bien plus longue". A ce stade, "il est donc très important que personne ne crie victoire", analyse-t-il.
Le Premier ministre britannique a assuré mercredi devant les députés qu'après de premiers trains de sanctions adoptés la semaine dernière, Londres comptait "continuer de resserrer l'étau" sur le pouvoir russe.
Le dirigeant conservateur a promis de continuer "à augmenter la pression économique" si le maître du Kremlin ne retirait pas ses troupes, sans toutefois dire si le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club de foot anglais de Chelsea, serait à son tour visé.
De son côté, Washington a chargé mercredi une dizaine de procureurs de poursuivre "les oligarques russes corrompus", le président Joe Biden les ayant menacés de saisir leurs "yachts, appartements de luxe, et jets privés", "mal acquis".
- "Facilitateurs" -
"Fondamentalement, les gouvernements occidentaux devraient prendre la liste (du magazine) Forbes des 50 ou 100 oligarques et leur appliquer à tous des sanctions, à moins qu'il n'y ait une explication valable sur l'absence d'implication de la personne dans un soutien au régime de Poutine", insiste Bill Browder.
Autre obstacle à lever, et non des moindre: pouvoir localiser leurs possessions, souvent dissimulées par le biais d'une ingénierie patrimoniale complexe, car les oligarques font "tout leur possible pour cacher leurs actifs".
"De nombreux oligarques cachent leur argent (en utilisant le) nom de membres de leur famille, nous devons donc viser ces membres de leur famille. Et parfois même, nous devons aller plus loin jusqu'à leurs représentants et mandataires", détaille l'Américain naturalisé britannique.
"Une des choses que je suggère à tous les gouvernements est donc de renforcer les règles ou d'en mettre en place qui exigeraient que les 'facilitateurs', les intermédiaires - banquiers, avocats, comptables et autres impliqués dans la structuration des avoirs - dévoilent les informations qu'ils possèdent sous peine de sanctions pénales", poursuit-il.
(B.Hartmann--BBZ)