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Les migrants "n'envahissent pas": le pape François a mis samedi la France et l'Europe face à leurs "responsabilités" sur la question migratoire, au deuxième jour de sa visite à Marseille qui s'achèvera par une messe géante au stade Vélodrome.
Accueilli par Emmanuel et Brigitte Macron au palais du Pharo, le pape de 86 ans a livré un long discours pour clôturer les "Rencontres méditerranéennes", occasion officielle de sa visite, qui rassemblent 70 évêques et autant de jeunes venus du pourtour de cette mer marquée par la présence des trois grandes religions monothéistes.
Un écho à ses déclarations de vendredi, quand il a fustigé dès son arrivée la "peur" et "l'indifférence" face au sort des migrants qui cherchent à traverser la Méditerranée.
Des propos forts dans un contexte d'hostilité croissante en Europe envers les candidats à l'exil et alors même qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a mis à l'épreuve la solidarité de l'Union européenne.
Le pape s'exprimait d'ailleurs devant de nombreux responsables français et des institutions européennes, dont le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait affirmé mardi que la France n'accueillerait pas de migrants venus de Lampedusa, tandis que la droite et l'extrême droite fustigeaient une "submersion migratoire".
Le souverain pontife a aussi plaidé pour une "intégration" des migrants plutôt qu'une "assimilation", qui "compromet l'avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance".
- "Espoir" -
En fin de matinée, le pape a ensuite débuté un entretien avec le président Emmanuel Macron, dont le gouvernement doit prochainement présenter une nouvelle loi sur l'immigration où la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers fait débat. Il s'agit de la quatrième rencontre entre les deux hommes, qui entretiennent des relations cordiales et se tutoient.
Autre allusion à l'actualité, le pape a évoqué la loi attendue en France sur la fin de vie en mettant en garde contre la "perspective faussement digne d'une mort douce".
Plus tôt samedi, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques s'était rendu chez les "missionnaires de la charité", l'ordre fondé par mère Teresa, à Saint-Mauront, quartier très pauvre proche du centre-ville où les religieuses font de l'aide sociale, où il a de nouveau insisté sur la fraternité "au-delà des pensées politiques ou religieuses".
"C'est quelque chose de magnifique de rencontrer le pape. Dans notre quartier la vie est dure, c'est difficile, mais avec la volonté de Dieu et les prières du pape aujourd'hui à Marseille, il va donner l'espoir et l'espérance à tous les gens qui souffrent", a déclaré à l'AFP Arbana Arifaj, originaire d'Albanie, présente pour la rencontre.
Peu après 15h00 (13h00 GMT), au milieu d'un dispositif de sécurité "hors norme", mobilisant 6.000 membres des forces de l'ordre et un millier d'agents de sécurité privés, le pape se dirigera vers un autre symbole marseillais très connu, le stade Vélodrome, antre de l'Olympique de Marseille transformé en cathédrale géante le temps d'une messe.
Son voyage, le premier d'un pape à Marseille en près de 500 ans, crée l'engouement et François effectuera une partie du trajet en "papamobile" le long de l'avenue du Prado, un des grands axes de la ville qui mène à la mer, pavoisé aux couleurs jaune et blanc du Vatican.
Quelque 100.000 personnes sont attendues sur son parcours selon la municipalité et les organisateurs. Et près de 60.000 autres ont obtenu leurs billets nominatifs, précieux sésames pour la messe géante dans le stade, qui accueillait moins de 48 heures plus tôt le XV de France pour la coupe du monde de rugby.
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte assisteront à l'office, prévu à 16h00. Une présence qui a froissé, notamment des élus de gauche qui ont accusé le président de "piétiner" ainsi le principe de laïcité. Ce à quoi l'Elysée a rétorqué qu'il n'assisterait pas à la messe "en tant que croyant" mais "en tant que chef de l'Etat".
Le pape quittera ensuite immédiatement Marseille pour Rome, après un dernier bref entretien avec Emmanuel Macron à l'aéroport.
(Y.Yildiz--BBZ)