AEX
-3.7900
Des hommes armés retranchés dans un monastère, un policier mort, trois assaillants tués: la situation reste très tendue au Kosovo dimanche, où les autorités fustigent le "crime organisé soutenu par des responsables à Belgrade", et la Serbie les "mensonges" de Pristina.
Dans son dernier communiqué, la police a confirmé "la mort de trois assaillants, l'arrestation de quatre suspects (civils) qui ont été arrêtés en possession d'outils de communication radio, ainsi que l'identification d'un grand nombre d'armes et de munitions". Sans détailler où, ni quand ils ont été tués.
Depuis le milieu de journée, une trentaine d'hommes armés sont retranchés dans le monastère de Banjska, encerclés par les forces de police, selon les autorités kosovares. Le Premier ministre, Albin Kurti, a montré lors d'une conférence de presse des photos sur lesquelles on peut voir plusieurs hommes habillés en kaki, armes à la main, dans ce qu'il a présenté comme ce monastère.
Selon la loi, les autorités kosovares ne peuvent exercer leur pouvoir dans les églises et monastères orthodoxes sans un accord de l'Eglise - sauf en cas d'urgence comme un incendie ou un tremblement de terre.
La KFOR, force de maintien de la paix de l'OTAN au Kosovo, "est présente et prête à intervenir si on lui demande", selon un communiqué, qui précise que la police kosovare est responsable de la gestion de la situation.
A l'intérieur du monastère se trouveraient selon un communiqué du diocèse "un groupe de pèlerins venus de Novi Sad (en Serbie, ndlr) avec un abbé". Pour leur sécurité, ils se sont enfermés à l'intérieur après que des hommes masqués "ont pris d'assaut le monastère dans un véhicule blindé, et ont forcé la porte".
Les tensions ont commencé avant l'aube, lorsqu'un policier qui patrouillait près de la frontière avec la Serbie a été tué dans l'attaque de son unité "depuis différentes positions à l'arme lourde, notamment avec des grenades", selon la police. Un de ses collègues a été blessé.
Albin Kurti a dans la foulée fustigé une attaque "criminelle et terroriste", et accusé "des responsables de Belgrade" d'offrir un soutien logistique et financier "au crime organisé". La présidente, Vjosa Osmani, a abondé, certifiant que "ces attaques prouvent s'il en était encore besoin le pouvoir de déstabilisation des gangs criminels, organisés par la Serbie".
Le président serbe, Aleksandar Vucic, a lui réagi en annonçant qu'il prendrait la parole à 20h00 pour "déboulonner tous les mensonges d'Albin Kurti, qui ne crée que le chaos et l'enfer" au Kosovo.
L'Union européenne a condamné via un message sur X (ex-Twitter) de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, "l'horrible attaque contre les officiers de police à Banjska dans le nord du Kosovo. Les responsables devront être jugés".
- Violences récurrentes -
Depuis un conflit qui a fait 13.000 morts, en majorité des Kosovars albanais, les relations entre les deux anciens ennemis vont de crise en crise.
La Serbie, soutenue notamment par ses alliés russe et chinois, refuse de reconnaître l'indépendance de son ancienne province, déclarée en 2008. Parmi les 1,8 million d'habitants du Kosovo, dont l'immense majorité est d'origine albanaise, vit une communauté serbe d'environ 120.000 personnes, installée essentiellement dans le nord, dont certains membres refusent toute allégeance à Pristina.
Cette région est ainsi le théâtre de violences récurrentes, les dernières remontant au printemps, lorsque les autorités kosovares ont décidé de nommer des maires albanais dans quatre municipalités à majorité serbe.
Cela a déclenché d'importantes manifestations, l'arrestation de trois policiers kosovars par la Serbie et une violente émeute de manifestants serbes qui a fait plus de 30 blessés parmi la KFOR.
La communauté internationale enjoint les deux parties à la désescalade. Mais les dernières tentatives de discussions entre Albin Kurti et Aleksandar Vucic ont échoué mi-septembre après à peine quelques heures.
La Serbie souhaite en préalable à toute discussion obtenir une forme d'association des communautés serbes dans le nord, tandis que la partie kosovare a comme pré-requis la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.
(B.Hartmann--BBZ)