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Emmanuel Macron a dévoilé lundi dans le Lot-et-Garonne la carte des 238 nouvelles brigades de gendarmerie, soit davantage que les 200 promises avant sa réélection, dont la plupart seront des camions mobiles inédits pour "se redéployer sur le terrain" dans les zones rurales ou péri-urbaines.
"Ce réinvestissement, il est historique", a déclaré le chef de l'Etat sur le site d'une caserne de gendarmerie à Tonneins, qui ne fait pas partie de celles annoncées à cette occasion. Cet effort doit compenser en partie les plus de 500 brigades supprimées entre 2007 et 2016, souligne l'Elysée.
Sur les 238 brigades qui verront le jour entre novembre de cette année et 2027, 93 seront fixes tandis que 145 seront mobiles. En dehors de Paris, tous les départements accueilleront entre une et quatre brigades nouvelles, ainsi que les territoires d'outremer.
Pour faire ses annonces, le président a choisi le Lot-et-Garonne, où il a effectué une patrouille avec des gendarmes et même flashé avec un radar portatif un véhicule circulant en excès de vitesse. Il s'est arrêté dans la commune de Clairac pour enregistrer une interview consacrée à la sécurité qui sera diffusée dans le 19/20 de France 3 lundi.
Une des brigades mobiles va justement voir le jour à Clairac, où la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen est arrivée en tête du second tour de la présidentielle en 2022 avec 53% des voix.
"A chaque fois que nos compatriotes ont le sentiment que l'efficacité n'est pas au rendez-vous, que la République n'est pas assez présente ils peuvent se tourner vers les extrêmes", a plaidé Emmanuel Macron, tout en assurant qu'il s'agissait avant tout d'une "réponse à l'insécurité".
Même si la majorité des actes de délinquance sont commis dans les villes les plus peuplées, les forces de l'ordre ont localisé en 2021 dans les communes rurales, où vit un tiers de la population métropolitaine, "près du quart des violences sexuelles et intrafamiliales ou des cambriolages enregistrés".
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a d'ailleurs évoqué une spécialisation d'une "partie des brigades dans les violences intrafamiliales".
Le chef de l'Etat, qui a promis cet été "l'ordre, l'ordre, l'ordre" après les émeutes urbaines qui ont agité la France, a estimé que cette stratégie "contribuera à y répondre". Mais l'exécutif "reviendra dans les semaines qui viennent sur les émeutes" avec d'autres réponses, notamment le 9 octobre lors du comité interministériel des villes.
- "Bijoux" -
Ces camionnettes sont des "bijoux de haute technologie", font valoir les autorités.
Emmanuel Macron a insisté sur leur "capacité à aller recueillir la plainte au plus près du terrain" et à se rendre "dans des zones qui étaient plus délaissés que d'autres par manque d'effectifs".
A travers ces annonces, son entourage vante un "président des territoires" qui a "réinvesti l'engagement de l'Etat sur le terrain". Une image qui avait été écornée pendant le premier quinquennat par le mouvement de protestation des gilets jaunes, dont certains étaient encore présents lundi à Clairac, comme un écho de cette période, au milieu d'une cinquantaine de manifestants.
Au total, ces brigades sont accompagnées de 2.144 postes de gendarmes supplémentaires, sur les 8.500 créations d'effectifs de forces de l'ordre annoncés par le gouvernement d'ici la fin du quinquennat.
Le patron de LR Eric Ciotti a d'ailleurs salué lundi la création d'une brigade à Tourrette-Levens, dans son département des Alpes-Maritimes. Même satisfecit du patron des députés communistes André Chaissaigne, avec l'instauration d'une brigade mobile à Thiers.
Emmanuel Macron avait promis la création de ces nouvelles brigades en janvier 2022, lors d'un déplacement sur le thème de la sécurité à Nice aux allures de pré-campagne présidentielle.
M. Macron avait également annoncé une hausse de 15 milliards d'euros pour le budget de l'Intérieur et un doublement de la présence des forces de sécurité sur la voie publique en 10 ans.
Ces engagements ont été inscrits dans la loi d'orientation et de planification du ministère de l'Intérieur (Lopmi), qui promet cette hausse de crédits sur cinq ans (2023-2027), même si elle doit être confirmée dans les budgets de l'Etat débattus chaque année.
(Y.Berger--BBZ)