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La justice espagnole a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête pour "homicides involontaires" après le violent incendie survenu dimanche dans une discothèque de Murcie (sud-est), dans lequel sont mortes 13 personnes.
Une juge d'instruction du tribunal de Murcie "sera chargée de diriger l'enquête en vue d'éclaircir les faits et de déterminer, le cas échéant, les responsabilités pénales", a indiqué le tribunal dans un communiqué.
Cette magistrate est "actuellement dans l'attente de la finalisation de l'identification" des victimes et des résultats de "l'autopsie" qui permettront "d'informer le tribunal sur les causes et les circonstances des décès", a poursuivi l'instance.
Selon le procureur général de la région de Murcie, José Luis Díaz Manzanera, les peines encourues pourraient aller jusqu'à quatre ans de prison, voire neuf vu le nombre élevé de victimes.
L'enquête devra déterminer "s'il y a eu un manque de mesures de prévention" contre les incendies, a-t-il précisé au journal local La Opinion de Murcia. Selon lui, "il pourrait aussi y avoir eu un court-circuit" d'origine accidentelle et non lié à "un manque" de prévention.
- Plus de licence -
L'incendie, d'une violence "extrême" selon le maire de Murcie, s'est déclaré dimanche à l'aube dans la discothèque Fonda Milagros, et s'est propagé à deux autres boîtes de nuit dont le Teatre, implantée dans les mêmes locaux.
La mairie de Murcie a annoncé lundi que les deux discothèques faisaient l'objet depuis l'an dernier d'un ordre de fermeture administrative, qui n'avait pas été appliqué.
La cessation de l'activité avait été décrétée car l'entreprise gérant les lieux ne disposait que d'une licence pour le Teatre alors qu'elle avait ouvert une autre discothèque dans une partie du même espace, la Fonda Milagros, où sont décédées les 13 victimes.
Selon la municipalité - qui fait face à de nombreuses interrogations sur son incapacité à faire appliquer sa décision -, les deux discothèques n'avaient plus de licence et n'avaient donc pas le droit d'être ouvertes.
Une affirmation démentie par les propriétaires. "Personne n'a notifié (à l'entreprise) qu'elle devait cesser son activité, qu'elle devait fermer (...) Tout le monde savait que (la discothèque) fonctionnait", a déclaré l'un de ses avocats, Francisco Javier Verdú, sur la télévision publique.
Selon Me Verdú, la discothèque avait fait l'objet "il y a six ou huit mois d'un contrôle de la mairie" qui l'avait "obligé à (...) remplacer deux portes par deux portes coupe-feu" avant de finalement donner son feu vert à son fonctionnement une fois les travaux réalisés.
- "Engloutis par les flammes" -
Pour le moment, seules six des treize victimes ont pu être identifiées, grâce à leurs empreintes digitales, selon la police. Les autres devront l'être grâce à des tests ADN. Pour aider les enquêteurs, des proches de victimes ont confié des brosses à dents, des rasoirs ou des cheveux des personnes décédées, parmi lesquelles figurent plusieurs personnes d'origine latino-américaine.
Les victimes ont été "englouties par les flammes mais nous voulons savoir" ce qui s'est passé exactement, a confié au quotidien El Pais Miriam Montealegre, une Nicaraguayenne qui a perdu sa belle-sœur et deux de ses neveux.
L'un d'eux, Eric Torres, fêtait ses 30 ans au premier étage de la discothèque, une zone disposant de loges et décrite comme "un labyrinthe" par une jeune habituée des lieux, où les autorités soupçonnent que l'incendie aurait pu se déclarer.
"C'était la coutume" de se retrouver dans cet établissement pour ce type d'événement, a raconté Miriam Montealegre, qui avait fait le choix cette fois-ci de ne pas participer à la fête. "Je ne voulais pas, c'était peut-être une prémonitoire", a-t-elle confié.
Selon le porte-parole des pompiers locaux qui a participé à l'extinction de l'incendie, Juan Ángel Navidad, des victimes ont notamment été retrouvées dans les toilettes du premier étage. Il est possible qu'elles s'y soient "cachées" afin d'essayer de "se protéger de la fumée", a-t-il raconté à la télévision Antena 3.
(O.Joost--BBZ)