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Le Premier ministre thaïlandais a promis mercredi de prendre des "mesures de prévention" après une fusillade meurtrière la veille dans un centre commercial de Bangkok, qui a relancé les débats sur la régulation jugée trop laxiste des armes à feu dans le royaume.
Les visiteurs étaient rares à la réouverture du centre commercial Siam Paragon, moins de 24 heures après que deux femmes, de nationalité chinoise et birmane, y ont trouvé la mort au cours d'un nouvel épisode de violence extrême en Thaïlande.
Le pays d'Asie du Sud-Est a connu trois fusillades meurtrières au lourd bilan en quatre ans.
Le Premier ministre Srettha Thavisin s'est rendu sur les lieux où il a respecté une minute de silence.
"J'espère que c'est la seule fois que ça se produira. Mon gouvernement va donner la priorité aux mesures de prévention", a déclaré le dirigeant, sans donner de détails.
L'attaque visant l'un des centres commerciaux cossus du centre de Bangkok vient aussi contrecarrer les efforts du gouvernement qui s'efforce de promouvoir l'image d'un pays sûr auprès des touristes, notamment chinois.
Le principal suspect, détenu par la police, est un adolescent âgé de quatorze ans qui étudie dans une école privée de luxe à proximité du centre commercial.
Souffrant de troubles psychiatriques, il aurait entendu des voix qui lui commandaient de tirer sur des personnes, ont indiqué les enquêteurs.
L'arme utilisée est un pistolet à blanc en plastique que le suspect a modifié, a indiqué mercredi Samran Nuanma, adjoint au chef de la police.
"Nous allons renforcer les lois et régulations encadrant l'usage des armes à feu", a promis le responsable, lors d'une conférence de presse.
- sentiment d'insécurité -
Mais les appels répétés à durcir les textes n'ont pas évité d'autres tragédies par le passé.
Il y a quasiment un an jour pour jour, dans le nord-est du pays, un ancien policier a tué au fusil et au couteau 36 personnes, dont une majorité d'enfants de moins cinq ans, au cours d'un périple meurtrier de plus de trois heures débuté dans une crèche.
En 2020, une tuerie perpétrée par un ancien militaire dans un centre commercial de Nakhon Ratchasima, ville du nord-est du pays, avait fait 29 morts.
La Thaïlande, qui compte 70 millions d'habitants, comptait en 2017 environ dix millions d'armes à feu, dont près de la moitié (4 millions) ne sont pas enregistrées auprès des autorités, selon le Small Arms Survey, un programme de recherche suisse.
Il s'agit de l'un des taux de possession d'armes à feu les plus élevés de la région.
Beaucoup de ces armes sont entrées dans le pays de manière illégale ou, plus récemment, ont été vendues sur internet, a noté Kritsanapong Phutrakul, un ancien officier de police devenu professeur d'université.
"Seulement un petit nombre de policiers ont les connaissances, les capacités et l'expérience pour suivre le marché des armes à feu en ligne", a-t-il déclaré à l'AFP.
La fusillade de Siam Paragon intervient à un moment charnière pour le nouveau gouvernement, inauguré en septembre, qui a misé sur le tourisme pour relancer une économie en berne depuis la pandémie.
Les touristes chinois, qui formaient en 2019 le plus important contingent de visiteurs étrangers en Thaïlande, fort de quelque 10 millions de personnes, ne sont pas aussi nombreux qu'espéré par les autorités.
La Thaïlande souffre notamment d'une image d'insécurité chez certains touristes chinois.
Après la fusillade, Srettha Thavisin a échangé avec l'ambassadeur de Chine, et a assuré qu'il allait prendre "les mesures de sécurité les plus fortes" pour les touristes.
(P.Werner--BBZ)