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Un homme d'origine tchétchène a poignardé à mort un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans un lycée à Arras vendredi matin, criant "Allah Akbar", dans un contexte de crainte d'attentats islamistes en France sur fond du conflit entre Israël et le Hamas.
Cette attaque, survenue au lycée Gambetta, dans le centre-ville, intervient presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020. Il avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.
Selon une source policière, l'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax.
Selon une source proche du dossier, l'agent est "très gravement blessé, entre la vie et la mort".
Aucun lycéen n'a été blessé, selon une troisième source policière.
L'homme interpellé, Mohammed Mogouchkov, fiché S, âgé d'une vingtaine d'années est d'origine tchétchène, tout comme l'était l'assaillant de Samuel Paty ont indiqué plusieurs sources policières, l'une précisant qu'il est de nationalité russe, arrivé en France en 2008.
Son frère de 17 ans a été arrêté à proximité d'un autre établissement, selon elles.
Selon la première source policière, "plusieurs membres de la famille ont été interpellés pour les besoins de l'enquête".
Le parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête.
Le chef de l'Etat Emmanuel Macron doit se rendre sur place, ainsi que le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui a demandé vendredi aux recteurs d'académies de "prendre sans délai toutes les mesures" nécessaires pour "renforcer la sécurité de tous les établissements" scolaires en France, dans un message transmis par le ministère.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est lui déjà sur place.
- "On s'est barricadés" -
Un large périmètre de sécurité a été établi autour de l'établissement, où la police, les pompiers et le Samu étaient déployés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque, Martin Dousseau, a décrit à l'AFP un mouvement de panique au moment de l'intercours, quand les élèves de l'établissement, un collège-lycée, se sont retrouvés face à un homme armé.
"Il a agressé un personnel de la cantine. J'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi", a-t-il ajouté. "On s'est barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé."
Selon lui, la victime est un professeur de français du collège, une information confirmée à l'AFP par la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay.
Deux syndicats, le Snes-FSU et le SE Unsa, ont affirmé à l'AFP que l'assaillant était "un ancien élève".
Selon Sophie Vénétitay, "le lycée Gambetta est un lycée de centre-ville, qui a environ 1.500 élèves, avec une mixité sociale et scolaire classique. Ce n'est pas un lycée qui est connu pour des remises en question de la laïcité, pour des conflits".
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement, visiblement arme à la main, avant de se diriger vers la porte d'entrée.
- "Sous le choc" -
"L'événement est pris en compte et ne présente pas de danger. Restez calme et suivez les consignes pour faciliter le retour à une situation normale", a écrit la préfecture sur X.
L'Assemblée nationale a elle suspendu ses travaux en solidarité avec les victimes.
Le président de la région, Xavier Bertrand, a lui apporté sur X (ex-Twitter) son "soutien aux lycéens, aux enseignants et aux agents de la Région Hauts-de-France après l’effroyable attaque au couteau".
"Nous sommes sous le choc, et choqués que ce soit un Tchétchène qui commette cette action. Rien n'autorise la commission d'actions de ce type, qui nous révoltent et que nous condamnons", a réagi Chamil Albakov, consul honoraire de la République Tchétchène d'Itchkérie en France, le gouvernement séparatiste en exil.
Depuis l'attaque qui a fait 12 morts en janvier 2015 au siège parisien de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.
Elle a culminé le 13 novembre lorsqu'un commando, piloté depuis la Syrie et l'Irak par le groupe Etat islamique (EI), a visé le même soir le Stade de France, des terrasses de cafés et restaurants et la salle de spectacle du Bataclan, faisant 130 morts et des centaines de blessés.
En juillet 2016, un Tunisien de 31 ans vivant à Nice, a foncé avec un camion sur la foule rassemblée sur la Promenade des Anglais à Nice pour la fête nationale, avant d'être abattu. 86 personnes, dont une douzaine enfants, ont été tuées, et plus de 400 blessées.
Depuis ces attentats de masse, le pays a été la cible de plusieurs attaques menées par des jihadistes isolés. Selon le gouvernement, la police continue à déjouer régulièrement des projets d'attentats islamistes en France – une quarantaine depuis 2017.
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(Y.Berger--BBZ)