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Donald Trump est attendu lundi au tribunal de New York pour se défendre lors d'un procès civil à hauts risques pour son empire immobilier, le premier d'une longue série de rendez-vous judiciaires qui bouleverse son chemin vers un éventuel retour à la Maison Blanche.
A 10H00 (15H00 GMT), le tempétueux milliardaire de 77 ans va s'asseoir à la gauche de son juge, Arthur Engoron, qu'il a affublé de tous les noms - "voyou", "dérangé", "haineux" - depuis l'ouverture du procès le 2 octobre. De son côté, le magistrat de 74 ans aux cheveux blancs légèrement ébouriffés lui a adressé deux amendes de 5.000 et 10.000 dollars pour s'en être pris à sa greffière.
Sous la grande fresque murale aux couleurs un peu passées célébrant l'adoption d'une "Charte des libertés" en 1683, l'ancien président des Etats-Unis doit prêter serment, comme ses deux enfants Donald Jr et Eric il y a quelques jours, et être interrogé par l'un des adjoints de la procureure générale de l'Etat de New York Letitia James.
Après trois ans d'investigations, l'élue démocrate a intenté un procès au civil contre l'état major de la Trump Organization, accusant les Trump père et fils d'avoir gonflé de manière colossale les actifs du groupe - une myriade de sociétés gérant des gratte-ciel, hôtels et résidences de luxes ou golfs dans le monde entier - pour décrocher de meilleurs prêts bancaires et des conditions d'assurance plus favorables.
Elle réclame 250 millions de dollars d'amende et des interdictions de diriger des entreprises pour le milliardaire républicain et ses enfants.
Entendu deux fois durant l'enquête, Donald Trump avait dénoncé, en préambule de sa première déposition le 10 août 2022, "la plus grande chasse aux sorcières dans l'histoire de notre pays", avant de garder le silence.
Lors de sa deuxième audition, le 13 avril 2023, il avait réfuté toute fraude, assurant que les banques "avaient gagné beaucoup d'argent".
- "Fraudes répétées" -
Le procès est mal engagé pour la famille Trump: quelques jours avant son ouverture, le juge a estimé que le parquet général de l'Etat de New York présentait "des preuves concluantes qu'entre 2014 et 2021, les prévenus ont surévalué les actifs" du groupe de "812 millions (à) 2,2 milliards de dollars" selon les années, dans les chiffres inscrits sur les états financiers annuels de Donald Trump.
En conséquence de "fraudes répétées", il a ordonné la liquidation des sociétés gérant ces actifs, comme la Trump Tower sur la 5e Avenue de New York ou le gratte-ciel de style néo-gothique et bientôt centenaire du 40 Wall Street. En d'autres termes, si la décision, suspendue en appel, était appliquée, le milliardaire républicain perdrait le contrôle d'une partie de son empire immobilier, lui qui s'était lancé en politique sur son image de bâtisseur à succès.
Depuis un mois, Donald Trump, qui n'encourt pas la prison dans cette affaire civile, a assisté régulièrement aux débats, profitant de ses venues pour se poser en victime d'une machination judiciaire devant les caméras. Des thèses reprises le soir même sur la plupart des médias prisés par les conservateurs, comme Fox News.
Sur le fond du dossier, ses avocats réfutent toute fraude, arguant que des évaluations immobilières sont forcément subjectives et que les banques prêteuses n'ont pas perdu un dollar.
Ce procès n'est qu'une des premières épreuves judiciaires qui attendent Donald Trump, inculpé au pénal dans quatre autres affaires. Il doit notamment comparaître à partir de mars 2024 devant la justice fédérale à Washington pour ses tentatives présumées illégales d'inverser le résultat de l'élection de 2020.
Pour l'instant, ses inculpations n'ont pas affecté sa domination sur ses concurrents républicains dans les sondages. Dimanche, un an jour pour jour avant la présidentielle, un sondage New York Times/Siena College l'a aussi donné gagnant face à Joe Biden dans cinq Etats clés (Nevada, Géorgie, Arizona, Michigan, Pennsylvanie) remportés par le démocrate en 2020.
(L.Kaufmann--BBZ)