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L'accalmie en cours a permis à certains habitants, exténués après dix jours de pluie et de crues récurrentes, de mesurer l'ampleur des dégâts dans le Pas-de-Calais où la Première ministre Elisabeth Borne est attendue jeudi, avant une nouvelle dégradation de la météo.
"Les dégâts sont énormes, la rue a été nettoyée avant-hier, malheureusement, on peut tout recommencer", explique Gwenaëlle Loire, maire de Saint-Léonard, de nouveau inondé mardi après-midi. "Les états des voiries sont catastrophiques".
Mme Borne est attendue jeudi matin dans le secteur de Montreuil-sur-Mer afin "d'exprimer son soutien aux habitants" et "saluer l'action des forces de secours, des élus locaux et des services de l'Etat mobilisés", a indiqué son cabinet.
Après les collèges et lycées des zones touchées qui ont rouvert progressivement mercredi, la plupart des 1.290 écoles fermées depuis lundi vont rouvrir jeudi - mais une vingtaine ne pourront accueillir des élèves, a indiqué la préfecture. Les transports scolaires restent en outre très perturbés.
Après un répit temporaire, les pluies devraient "se réactiver en soirée" jeudi, indique Météo France dans son dernier bulletin: une nouvelle dépression, baptisée Frederico, pourrait entraîner jusqu'à 30-40 mm de pluie localement.
Ce retour des pluies sur des sols saturés depuis le passage de la tempête Ciaran le 2 novembre, "pourra occasionner de nouvelles hausses" sur les trois cours d'eau classés en vigilance orange, avertit Vigicrues.
"Pour la quatrième fois en deux semaines, on a pris l'eau: la première fois, on a pris 30 cm, la deuxième 40, la troisième 70, et là on estime que c'est à 15 cm", énumère, fataliste, Erwan Outtier, 21 ans, venu constater les dégâts dans l'entreprise d'impression numérique où il travaille, à Saint-Léonard.
- Airbnb -
Dans la même commune proche de Boulogne-sur-mer, Didier Marre, 56 ans, racle l'eau depuis deux heures dans la maison de sa fille, devant laquelle du linge plein de boue est étendu à un fil. "On se sent impuissants, on n'a pas d'autre choix que d'attendre que ça s'arrête", confie-t-il.
La crue de mardi soir "était beaucoup plus impressionnante que la semaine dernière", estime-t-il, tout en vérifiant que la pompe installée le matin déverse bien l'eau dans l'égout.
"Ça a commencé à déborder en fin d'après-midi", et le pic a eu lieu vers minuit, relate pour sa part Mickael Harduin, 37 ans, dont l'épouse souhaite désormais déménager.
La commune voisine de Saint-Étienne-au-Mont, traversée par la Liane, a été à nouveau inondée mardi soir. Une coulée de boue a détruit le mur d'enceinte d'une maison et formé un cratère.
A Hames-Boucres, près de Calais, la maison de Lynda Malfoy est inondée depuis la fin de la semaine dernière.
"L'assurance nous a payé l'hôtel pendant cinq jours mais maintenant, on loue un Airbnb jusqu'à la fin du mois, à nos frais", explique cette mère de deux enfants, qui a dû leur racheter des vêtements.
Une vue aérienne des abords du village révèle des champs inondés d'où émergent des bouquets d'arbres.
Pour la présidente départementale de la Croix-Rouge, Fabienne Berquier, si "la situation commence à être un peu +moins pire+", l'enjeu principal consiste maintenant à trouver des solutions durables de relogement aux sinistrés qui ne pourront pas rentrer chez eux, dans des maisons où il y a "de l'humidité jusqu’à 1m60, plus de chauffage et d'électricité".
- Catastrophe naturelle -
La reconnaissance en état de catastrophe naturelle de 181 communes dans le Pas-de-Calais et de 24 dans le Nord a été publiée mercredi au Journal officiel.
Pour les agriculteurs ayant subi les inondations dans les Hauts-de-France mais aussi en Bretagne et Normandie, un autre fonds, de 80 millions, doit être activé.
"Ça ne sera pas suffisant", a estimé sur France Bleu Nord le président PS du Pas-de-Calais, Jean-Claude Leroy, précisant que le département avait pour sa part "provisionné 10 millions".
Depuis le 6 novembre, environ 1.400 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
(A.Lehmann--BBZ)