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Toujours sous l'eau, après avoir subi durant deux semaines des intempéries exceptionnelles et des inondations dévastatrices, le Pas-de-Calais entrevoit peut-être le bout du tunnel, avec un retour vendredi matin en vigilance jaune et une décrue bien visible.
"Les faibles pluies des derniers jours et l'accalmie d'aujourd'hui permettent une baisse des niveaux sur les cours d'eau", souligne vendredi matin dans son dernier bulletin l'organisme Vigicrues, qui anticipe des "pluies modérées" samedi.
La décrue reste lente dans le département, connu pour ses vastes zones de marais, mais la Canche et la Lys, les deux rivières les plus à risque ces derniers jours, ne sont plus en vigilance orange aux crues.
A Saint-Léonard et Saint-Étienne-au-Mont, deux communes près de Boulogne-sur-Mer, zone la plus affectée ces derniers jours, l'eau avait reflué vendredi des rues inondées en début de semaine, selon des journalistes AFP.
A 50 km au sud, des habitants de Neuville-sous-Montreuil sont venus vendredi, comme chaque matin, constater l'évolution des dégâts dans des rues encore en partie inondées.
"Le niveau a baissé un peu, mais la grande peur, c'est: est-ce qu'il va remonter ? On n'en peut plus. Ca monte, ça descend, ça remonte. C'est interminable", peste Stéphane Paques, 49 ans, chauffeur routier résidant dans la commune.
- Restaurant étoilé -
La situation est en revanche toujours difficile dans les marais de Guînes, à 15 km de Calais, où les routes et les maisons, vides de leurs occupants, restent inondées, sous un ciel bleu et dégagé, selon un journaliste de l'AFP.
"Je suis revenu mercredi. L'eau est toujours à 70 cm devant ma maison, et entre 1 m et 1m20 derrière", se résigne François Caillet, les bottes dans l'eau.
"On est parti depuis dix jours, on n’est pas près de rentrer chez nous. Il y a encore 20 cm dans la maison, 50 cm dans le garage", regrette Bertrand Betremieux, garagiste qui habite à Guînes. "L’expert doit passer à la maison, j’ai encore vu l’assureur hier mais vu les circonstances, il est débordé. Donc on attend".
A la Madelaine-sous-Montreuil, à quelques kilomètres, les secours entassaient à la mi-journée des dizaines de sacs de sable pour renforcer des digues de fortune près du restaurant doublement étoilé La Grenouillère, encerclé par les eaux, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le passage jeudi de la perturbation Frederico, "associé aux sols généralement saturés alimente les cours d'eau les plus sensibles, ralentissant leurs décrues", notamment dans le bassin du Nord, a averti Vigicrues dans son bulletin.
Après le président Emmanuel Macron, la Première ministre Elisabeth Borne s'est rendue jeudi dans le Pas-de-Calais. "On est là dans l'urgence, mais évidemment qu'on sera là pour la remise en état", a-t-elle promis aux sinistrés à Neuville-sous-Montreuil.
- Pluies record -
Si les dégâts s'annoncent majeurs, le bilan humain reste à quatre blessés depuis le 6 novembre, selon la préfecture.
Jeudi soir, 5.200 personnes souffraient toujours de restrictions en eau potable, une situation qui devrait perdurer plusieurs jours. Plus d'une centaine de foyers restent privés d'électricité.
Entre le 16 octobre et le 14 novembre, le Pas-de-Calais a enregistré un cumul de précipitations de 295 mm, ce qui en fait l'épisode de 30 jours le plus pluvieux dans le département depuis le début des mesures par Météo-France en 1958.
Après les collèges et lycées qui ont rouvert progressivement mercredi, la plupart des 1.290 écoles fermées depuis lundi accueillent de nouveau leurs élèves jeudi, a annoncé la préfecture. Dix-sept écoles n'étaient pas en mesure de rouvrir vendredi, et les transports scolaires restent également très perturbés.
Le trafic ferroviaire est lui toujours interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples), selon la SNCF. Sur les routes, 37 axes sont coupés, soit environ 105 km.
Depuis le 6 novembre, environ 1.500 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
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(K.Müller--BBZ)