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Deux nouvelles lois et une stratégie à long terme: le gouvernement a présenté vendredi ses projets pour adapter la société au vieillissement de la population, qui laissent toutefois les acteurs du secteur partagés.
La ministre des Solidarités Aurore Bergé a promis qu'une loi de programmation sur le grand âge verrait le jour, un projet réclamé de longue date par les professionnels du secteur et des parlementaires.
"J'ai entendu" leur demande, a déclaré vendredi Aurore Bergé lors d'un discours au ministère des Solidarités. "Oui, vous avez raison: une loi de programmation du grand âge est nécessaire".
Cette future loi "fixera un cadre, des objectifs à atteindre d'ici à 2030 et des modalités de financement" pour que la France puisse affronter la hausse du nombre de personnes âgées en perte d'autonomie, a précisé la ministre dans un entretien paru dans La Croix vendredi.
La loi grand âge, promise par le président de la République Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat, a été maintes fois reportée avant d'être finalement abandonnée. Aurore Bergé s'est engagée à la faire aboutir.
"La promesse d'une loi de programmation" ne permettra "pas d'améliorer la qualité de vie de nos aînés", a déploré l'association des directeurs d'Ehpad et services à domicile (AD-PA), qui réclame "des moyens supplémentaires".
- Adapter la société -
La ministre des Solidarités a également présenté la stratégie interministérielle du gouvernement sur le "bien vieillir", une vision à long terme pour adapter la société à une population plus âgée.
En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans, pour la première fois.
Cette stratégie, qui rassemble de nombreuses mesures déjà annoncées, vise notamment à "prendre en compte de nouveaux besoins", précise le ministère.
Le gouvernement veut permettre aux seniors d'adapter leur logement pour y rester le plus longtemps possible, grâce à une prime, dite "prime adapt", accessible aux plus de 70 ans dès 2024.
Il propose également de refondre le système de services d'aides à domicile, et de sortir "de la logique de la tarification à l'heure".
Hugues Vidor, directeur général d'Adedom, fédération qui représente les services d'aide à domicile, a salué sur X (ex-Twitter) "une volonté affirmée de faire bouger les lignes".
Il s'agira également de faciliter la possibilité de déplacements des seniors. Le gouvernement prévoit notamment de financer la mise en accessibilité des petits commerces via un fonds et de renforcer l'accessibilité des gares.
- Secteur partagé -
Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, qui rassemble les Ehpad privés, s'est réjoui dans un communiqué "des annonces prometteuses".
La Fédération Hospitalière de France (FHF), qui représente les Ehpad publics, a également salué des annonces "fortes", notamment le projet de création d'un protocole pour accompagner les établissements dans la création de 50.000 emplois d'ici 2030.
Plus partagés, les Ehpads associatifs regroupés au sein de l'Uniopss saluent "quelques avancées" mais regrettent "trop d'inconnues".
Côté politique, le député socialiste Jérôme Guedj a déploré sur X un "catalogue imprécis de mesures existantes pour la plupart, sans financement nouveau". De même, Yann Lasnier, délégué général de l'association des Petits frères des pauvres, a regretté qu'il n'y ait "rien de concret" parmi les mesures présentées.
Cette stratégie pour le "bien vieillir" a été présentée à quelques jours de l'examen par les parlementaires de la proposition de loi "bien vieillir" de la majorité présidentielle.
Le texte, dont la première lecture avait été interrompue en avril par la pause parlementaire, fait son retour à l'Assemblée nationale lundi. Il concerne plus particulièrement le volet social.
Il va permettre de créer notamment un dispositif permettant de mieux signaler les cas de maltraitance, ou encore une carte professionnelle pour les aides à domicile, censée "faciliter leur travail au quotidien".
Il sera également l'occasion d'inscrire dans la loi le droit de visite dans les Ehpad, comme le préconisait un rapport remis au gouvernement. L'impossibilité de rendre visite à ses proches, voire de leur dire adieu, pendant la crise du Covid-19 avait créé un traumatisme chez de nombreuses familles.
(H.Schneide--BBZ)