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Après les funérailles émouvantes de Thomas dans la Drôme, le rugby français rendra hommage dimanche au jeune lycéen de 16 ans mortellement blessé en marge d'une fête de village.
"Une minute de silence sera observée lors des matches se déroulant ce weekend reflétant notre profond respect et notre solidarité", a indiqué la fédération de rugby sur son site vendredi, en adressant "sa sincère compassion" aux proches du jeune capitaine de l'équipe junior du RC Romans-Péage.
Vendredi, plusieurs de ses camarades de jeu ont participé en maillots bleus à la cérémonie funèbre célébrée "dans une tristesse indescriptible" par sa famille à la collégiale de Saint-Donat-sur-l'Herbasse, dans la Drôme.
"Thomas était un brave garçon, réservé, bien élevé et serviable" qui "croquait la vie à pleines dents", aimait "le ski, le rugby et la pêche", a dit son grand-père au début de la célébration retransmise par haut-parleurs sur le parvis bondé de l'église trop petite.
Mortellement blessé d'un coup de couteau devant la salle des fêtes communale, l'adolescent est décédé pendant son transfert à l'hôpital. Les violences ont fait huit blessés. Neuf personnes ont été placées en garde à vue mardi dans le cadre de l'enquête pour "meurtre" et "tentatives de meurtres en bande organisée" ouverte par le parquet de Valence, dont un jeune de 20 ans "formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel", selon le parquet.
Les investigations se poursuivent pour identifier et interpeller d'autres suspects.
- "Beaucoup d'amour" -
Selon les éléments communiqués par le parquet, tout a commencé quand une dizaine de jeunes ont tenté de s'introduire dans la salle des fêtes de Crépol où se tenait un bal. L'un d'eux a blessé d'un coup de couteau un vigile qui tentait de le bloquer. Des participants inscrits à la soirée sont intervenus, s'en est suivie "une rixe" à l'extérieur du bâtiment, selon les mots du procureur Laurent de Caigny.
"Nous te promettons de profiter de la vie comme tu aurais voulu le faire", a déclaré un des amis de l'adolescent lors de la cérémonie, se remémorant "les journées piscine" chez Thomas, "les vacances à la mer" et les "sorties moto".
La cousine de Thomas, née un 6 décembre, le même jour que lui, a expliqué, d'une voix blanche: "Cette date nous a liés chaque année, nous nous le souhaitions mutuellement, c'était notre petit rituel".
"C'était très beau, il y avait beaucoup d'amour", commente Francine Gabriel, 63 ans, amie d'une des tantes de Thomas. "Pourquoi tant de haine ? Il faudrait que ça cesse, que ça ne se reproduise pas".
Pierre Bard, 56 ans, un habitant de la région venu assister à cette cérémonie "déchirante" se dit "triste" et confie ressentir "beaucoup de haine".
Une veillée funéraire a eu lieu jeudi soir à l'église de Crépol. La veille, plus de 6.000 personnes avaient participé à une grande marche blanche à Romans-sur-Isère.
La Première ministre Elsisabeth Borne a appelé mercredi devant le Sénat à "la retenue et à la décence", alors que l'extrême droite et une partie de la droite ont abondamment commenté le drame pour alimenter leurs discours sur la sécurité et l'immigration. Sur les réseaux sociaux, des comptes associés à l'ultradroite dénoncent un "francocide" commis par "les racailles" et diffusent des portraits présentés comme ceux des suspects. Vendredi, des militants de l'ultradroite ont fait circuler sur les réseaux sociaux une photo avec nom, correspondant selon eux au meurtrier présumé, toujours en garde à vue.
A Valence, l'enseigne Bureau Vallée a été visée par des menaces sur les réseaux sociaux après avoir refusé d'imprimer un tract de "l'extrême droite" sur le drame contenant "des propos haineux ou incitant à la violence", a expliqué un responsable de l'enseigne à l'AFP, sans vouloir donner d'autres détails.
(P.Werner--BBZ)