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Tombés en désuétude durant la décennie 2010, les trains de nuit font peu à peu leur retour sur le continent européen, à l'image de la réouverture de l'emblématique Paris-Berlin lundi, dont le départ a marqué une nouvelle étape dans cette renaissance.
Ministres français et allemand, dirigeants des compagnies ferroviaires allemande Deutsche Bahn, française SNCF ou encore autrichienne ÖBB... la liste des officiels accrédités pour assister au départ du premier train de nuit depuis la gare de Berlin vers la capitale française attestait de l'importance de l'évènement, neuf ans après l'interruption de cette ligne.
"C'est une nouvelle ère pour l'alliance du train de nuit", s'est enthousiasmé le ministre des Transports allemand, Volker Wessing, devant une foule d'officiels, de promoteurs du train de nuit et de quelques jeunes de l'Office franco-allemand de la jeunesse (Ofaj).
Le train, parti à 20H18 de Berlin, doit arriver à 10H24 à Paris.
Pour le moment, trois liaisons par semaine sont prévues avec départ les mardis, jeudis et samedis depuis Paris et les lundis, mercredis et vendredis depuis Berlin. Le service doit devenir quotidien à partir d'octobre 2024.
Le Berlin-Paris, opéré avec des trains Nightjet appartenant à la compagnie autrichienne ÖBB, pionnière dans la relance du train de nuit en Europe, offre plusieurs options, de la couchette à la place assise en passant par la voiture-lit avec chambre privative pour une, deux ou trois personnes.
- Moins polluant -
"Nous devons suivre l'exemple d'ÖBB", a plaidé le ministre belge des Mobilités, Georges Gilkinet, qui intervenait en vidéo lors de l'inauguration du Paris-Berlin.
La compagnie autrichienne a énormément investi dans les trains de nuit, y compris dans des trains neufs, quand l'Europe de l'Ouest fermait petit à petit la plupart de ses lignes de nuit durant la décennie 2010.
Depuis 2020, face à l'engouement pour des modes de transport moins émetteurs en CO2 que l'avion ou la voiture, la France a elle aussi fait le choix de relancer les trains de nuit.
En 2016, il ne subsistait plus que deux lignes de ce genre en France: l'une allant de Paris vers les Pyrénées - Latour-de-Carol ou Portbou en passant par Toulouse - et Albi et l'autre de Paris à Briançon, dans les Alpes.
L'objectif est d'en avoir dix d'ici 2030. Le collectif "Oui au train de nuit" appelle lui à en ouvrir 25 et à investir plus massivement, alors que la France n'a pas prévu d'acheter de trains neufs avant 2025.
- 100 millions d'euros -
Adeptes du "slow travel", voyageurs écolos soucieux de l'impact carbone de leurs déplacements: la clientèle ne manque pourtant pas et continue de croître pour un mode de transport non dénué de charme.
En France l'été dernier, 215.000 voyageurs ont dormi sur les rails, soit 15% de plus par rapport à l'été 2022.
Le gouvernement français a investi 100 millions d'euros pour la relance du train de nuit: 76 millions pour la rénovation de 93 vieilles voitures Corail remises au goût du jour et 24 millions pour les installations en gare nécessaires.
Mais sans nouveaux trains, impossible d'ouvrir de nouvelles lignes. "La construction de trains neufs prend pourtant de cinq à huit ans. Pendant ce temps, l'Europe avance: l'Autriche commence à mettre en service plus de 200 voitures de nuit flambant neuves, qu'elle avait commandées dès... 2018", a souligné le collectif "Oui au train de nuit".
Si le train de nuit bénéficie d'un certain engouement, il reste un produit peu rentable pour les compagnies ferroviaires.
L'Etat français subventionne largement les lignes relancées: environ 10 millions d'euros par an pour la liaison vers Berlin ainsi que trois à quatre millions pour celle entre Paris et Aurillac, supprimée il y a 20 ans et rouverte dimanche soir, selon le ministère des Transports.
C'est le seul moyen pour les compagnies d'offrir des tarifs abordables allant de 29,90 euros en place assise, à 92,90 euros pour une place en voiture-lit entre Paris et Berlin - à condition de réserver sa place suffisamment en avance.
(O.Joost--BBZ)