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Rejugé en appel pour l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki, le Chilien Nicolas Zepeda apparaît de plus en plus en difficulté au mitan de son procès, malmené par l'accusation et même par sa défense qui l'exhorte "à tout dire".
Après une audience suspendue lundi soir en raison d'un malaise de Taeko Kurosaki, la mère de Narumi, la journée de mardi devrait connaître de nouveaux sommets d'émotion avec les auditions des parties civiles : Mme Kurosaki, déjà très éprouvée nerveusement, et ses deux filles sont attendues à la barre dans la matinée.
En première instance, le témoignage d'une rare intensité de Mme Kurosaki avait déjà bouleversé la cour d'assises.
Ses jurés avaient condamné Nicolas Zepeda, qui n'a cessé de clamer son innocence, à 28 ans de réclusion.
Depuis l'ouverture il y a une semaine de son procès en appel à Vesoul, le Chilien, qui a fêté lundi ses 33 ans, continue de nier toute implication dans l'assassinat de Narumi Kurosaki, une brillante étudiante japonaise de 21 ans disparue le 5 décembre 2016 à Besançon.
- "Limites" du dossier -
Son corps n'a jamais été retrouvé, en dépit d'intenses recherches.
Pour l'accusation, aucun doute : c'est Nicolas Zepeda qui l'a tuée parce qu'elle l'avait quitté quelques mois plus tôt.
Pour ce second procès, Nicolas Zepeda doit impérativement apporter quelque chose de nouveau pour espérer convaincre les jurés.
De fait, ses nouveaux défenseurs, Renaud Portejoie et Sylvain Cormier, sont apparus combatifs, cherchant à pointer "les limites" d'un dossier pourtant compliqué pour leur client ou tentant d'ouvrir d'autres pistes.
Jeudi, Me Cormier a ainsi fixé l'attention sur Arthur Del Piccolo, rival amoureux de l'accusé, petit ami de Narumi au moment de sa disparition et partie civile au procès.
M. Del Piccolo, un temps soupçonné par les enquêteurs avant d'être mis hors de cause, doit également déposer mardi matin, témoignage auquel la défense sera vraisemblablement très attentive.
"Je n'annonce rien avant l'heure mais s'il y a des questions à poser, je les poserai", a indiqué à l'AFP Me Portejoie.
- Stratégie de défense -
Randall Schwerdorffer, avocat de M. Del Piccolo, redoute de son côté que son client ne soit au coeur de la "stratégie de défense" de l'accusé.
Puisque M. Zepeda plaide non-coupable, "il faut qu'il propose quelqu'un d'autre que lui à la cour d'assises. Et c'est très clair (...) il va proposer Arthur Del Piccolo comme coupable potentiel aussi. Pour dire +s'il y a deux coupables potentiels, on ne peut pas me condamner+", a-t-il indiqué à des journalistes.
Dans le même temps, les avocats de Nicolas Zepeda n'hésitent pas non plus à bousculer leur client en le mettant face à ses contradictions ou en le confrontant directement à des éléments potentiellement gênants.
Mercredi, Me Portejoie a ainsi obtenu de son client qu'il reconnaisse pour la première fois être venu de lui-même dans le bâtiment où vivait son ex-petite amie : jusque-là, M. Zepeda, qui a reconnu avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec Narumi, disait être tombé sur elle par hasard.
Le Chilien, qui s'exprime depuis le début du procès en appel dans un excellent français, n'ira pas plus loin, mais la déclaration a fait l'effet d'une petite bombe dans la salle des assises.
- "Eprouver" -
"Mon rôle n'est pas forcément de vous ménager pour vous ménager mais aussi de vous éprouver", lui a lancé Me Portejoie lundi soir.
L'avocat assume de poser "toutes les questions, quelles qu'elles soient (...) Il faut se confronter à tous les éléments du dossier" qui est "dur", a-t-il ensuite expliqué aux journalistes.
Auparavant, son client avait été malmené par l'avocat général Etienne Manteaux qui l'avait longuement "cuisiné" sur les témoignages-clés de deux étudiantes japonaises, poussant le Chilien dans ses retranchements.
Elles ont soutenu que Nicolas Zepeda leur avait demandé des conseils pour des traductions de messages étrangement similaires à ceux envoyés après la disparition de Narumi aux proches de l'étudiante depuis son téléphone. Selon les enquêteurs, Zepeda les a usurpés pour brouiller les pistes et retarder les recherches.
Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.
(T.Renner--BBZ)