AEX
2.8500
Cinq migrants sont morts dans la nuit de samedi à dimanche près d'une plage de Wimereux (Pas-de-Calais) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche, le premier drame meurtrier de 2024 au large des côtes françaises.
Quatre décès avaient initialement été dénombrés par la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar) en début de matinée, mais un cinquième corps inanimé a ensuite été retrouvé au bord de la plage.
Une sixième personne a par ailleurs été transférée "en urgence absolue" à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, indique la Prémar dans un communiqué, faisant également état d'un blessé léger et de 32 rescapés.
Les faits ont eu lieu vers 1H45 dans la nuit. "Les personnes se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre" une embarcation déjà à l'eau, a-t-elle expliqué.
Des forces de l'ordre, à terre, "ont signalé le départ de l'embarcation et les personnes en difficulté à l'eau", a ajouté la Prémar. Le remorqueur d'intervention Abeille Normandie, "en patrouille dans la zone, a mis son embarcation à l'eau pour aller secourir les naufragés". "A ce moment-là", l'équipage a "identifié des personnes inanimées et inconscientes", dans une eau à 9 degrés, a poursuivi cette même source.
- "Familles entières" -
La "majeure partie des naufragés ont été récupérés par les forces de l'ordre sur place". Ils ont été conduits dans un hangar de Calais mis à disposition des migrants dans le cadre du plan grand froid, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon une des personnes chargées de leur accueil, qui ne souhaite pas donner son nom, les rescapés, parmi lesquels figurent "des familles entières avec des enfants, dont certains en bas âge", sont arrivés vers 3H00.
Une enquête a été ouverte et confiée à l’Oltim (Office de lutte contre le trafic illicite de migrants) de Coquelles et à la gendarmerie maritime de Calais, notamment pour "homicides involontaires aggravés", "aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée" et "association de malfaiteurs", a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer à l'AFP.
Des migrants sont entendus "en tant que témoins" et des autopsies doivent avoir lieu dans les prochains jours pour déterminer "précisément le motif des décès" qui peuvent être dus à des "noyades" ou à des "chocs thermiques", a-t-il ajouté.
L'embarquement sur des "long boats" déjà à l'eau "est le moment le plus difficile pour (les migrants) actuellement, avec une eau à 10 degrés", a expliqué à l'AFP Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam.
Ces embarquements sont, selon lui, "souvent synonymes de foire d'empoigne, sachant que les migrants veulent à tout prix monter à bord et que, restant à terre, ils redoutent d'être interpellés par la police".
- 12 décès en 2023 -
Sur la digue de Wimereux, lieu du drame, seuls subsistent dimanche quelques vêtements et chaussures abandonnés par les naufragés, a constaté un journaliste de l'AFP.
Douze migrants ont perdu la vie en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon le décompte de la Prémar.
Les deux derniers décès remontent au 15 décembre quand deux migrants étaient morts le même jour dans des tentatives de traversée distinctes.
Le 12 août, six Afghans sont décédés dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait coûté la vie à au moins 27 migrants.
Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d'un centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais), des centaines d'exilés s'entassent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier l'Angleterre, cachés dans des camions ou par bateau.
En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, selon des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur.
Environ 20% sont originaires d'Afghanistan. Viennent ensuite les Iraniens, les Turcs, les Érythréens et les Irakiens.
(U.Gruber--BBZ)