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L'état d'urgence et le déploiement de l'armée dans les rues en Equateur ont permis une réduction "considérable" de la violence et de "porter des coups sévères" aux groupes criminels, a affirmé lundi le président équatorien Daniel Noboa.
"L'état d'urgence fonctionne (...) Il y a eu moins de morts violentes, il y a plus de tranquillité, les gens se sentent plus en sécurité et n'hésitent plus à dénoncer ceux qui pratiquent l'extorsion", a déclaré M. Noboa dans un entretien avec une TV locale, y voyant "une grande victoire".
Elu en novembre plus jeune président de l'histoire du pays, M. Noboa, 36 ans, est confronté à une vague de violences criminelles sans précédent depuis le 7 janvier, dans la foulée de l'annonce de l'évasion d'un dangereux chef de gang, Adolfo Macias, alias "Fito".
Emeutes dans les prisons, prises d'otages, attaques contre les forces de l'ordre et dans les quartiers... le jeune chef d'Etat a dû décréter l'état d'urgence pour 60 jours, avec couvre-feu nocturne et mobilisation dans les rues de plus de 22.000 militaires et policiers.
"Nous sommes en guerre et nous avons réussi à arrêter ce qui était une avalanche de violence et de destruction. Nous portons des coups sévères à ces groupes narcoterroristes", a affirmé M. Noboa.
"Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant, nous ne pouvons pas croire que le problème a été résolu en deux semaines. Nous devons continuer à nous battre", a-t-il poursuivi, prévenant que l'état d'urgence, prévu pour 60 jours, serait sans doute "prolongé de 30 jours", comme la Constitution l'y autorise.
Depuis le 9 janvier, selon un bilan officiel, les forces de l'ordre ont procédé à près de 2.800 arrestations et tué cinq "terroristes", comme les autorités désignent désormais les membres de 22 gangs criminels recensés dans le pays. 20 tonnes de drogues ont été saisies, dont trois ce weekend.
Lundi, le ministère de l'Intérieur a publié la liste, avec photos, des cinq criminels les plus recherchés du pays, parmi lesquels "Fito", chef des Choneros, et Fabricio Colon Pico, chef du gang rival de Los Lobos, qui s'est évadé lui aussi le 9 janvier.
Dans le pays, la vie est revenue à la quasi-normalité, mais la situation reste tendue et volatile, en particulier dans la région sud-ouest du port de Guayaquil, épicentre du narcotrafic et de la violence criminelle.
Les écoles restent fermées dans trois provinces côtières, ainsi qu'à Quito.
Sur le plan politique, dans un pays habituellement très fragmenté, tous les partis politiques ont affiché au premier jour de cette crise leur soutien au président de centre-droit.
L'examen dans les prochains jours au parlement de la proposition présidentielle d'augmenter la TVA de 12 à 15% pour financer la guerre contre les gangs pourrait néanmoins fissurer cette fragile unité.
(B.Hartmann--BBZ)