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La Russie a fait l'éloge lundi à l'ONU de sa politique de promotion de la "famille traditionnelle", avant de devoir s'expliquer sur le transfert d'enfants ukrainiens depuis l'invasion russe de ce pays.
"Depuis 2020, la Constitution de la Fédération de Russie contient de nouveaux amendements qui, pour la première fois, protègent la famille, la maternité, la paternité et les enfants", a déclaré le chef de la délégation russe, Alexeï Vovtchenko, à l'ouverture des discussions devant le Comité des droits de l'enfant de l'ONU.
Ce comité des Nations unies - composé de 18 experts indépendants - examine pendant deux jours le dossier de la Russie dans le cadre d'un examen régulier, et devrait présenter ses conclusions le 8 février.
Le comité a annoncé qu'il poserait des questions sur le sort des enfants ukrainiens en fin de journée seulement, pour que la délégation russe y réponde mardi.
Dans sa déclaration d'ouverture, M. Vovtchenko, vice-ministre russe du Travail et de la protection sociale, n'a pas mentionné le sujet mais a revanche défendu les mesures russes sur "le renforcement de la famille en tant qu'institution et sur la protection des familles traditionnelles".
- "Mère-héroïne" -
"Nous avons créé un nouveau jour férié en l'honneur des pères, la fête des Pères, et nous avons rétabli la décoration de +Mère-héroïne+, qui revient aux femmes ayant 10 enfants ou plus", renouant ainsi avec une tradition soviétique visant à encourager la natalité, a-t-il dit.
Il a ajouté que 2024 serait "l'année de la famille", et indiqué que des mesures seraient prises en matière notamment de "politiques démographique et familiale".
La liste des préoccupations des experts de l'ONU est elle longue, y compris sur les mesures prises pour empêcher la "discrimination" à l'égard des enfants LGBT+ alors que la Russie a banni ce "mouvement international", le pays se posant en porte-drapeau des valeurs "traditionnelles" face à la décadence supposée de l'Occident.
Le comité compte aussi interroger Moscou sur les efforts faits pour garantir aux enfants leur droit à la liberté d'association et de réunion, et afin qu'ils qu'ils ne soient pas sanctionnés pour leur participation à des manifestations, notamment contre la guerre.
L'ONG Human Rights Watch s'inquiète aussi pour la liberté d'expression des enfants en Russie, leur droit à l'information et ceux liés à l'identité de genre et l'orientation sexuelle.
- Mandats d'arrêt -
Selon l'avocate russe Olga Sadovskaya, qui dirige l'organisation Crew Against Torture, il y a en Russie une "augmentation de la violence dans tous les domaines de la vie" qui affecte aussi les enfants.
"La violence n'est pas cantonnée aux champs de bataille ou à un pays voisin, elle n'a pas de frontière. Ainsi lorsqu'elle flambe quelque part, elle se propage et affecte toute la société russe", a-t-elle dit à l'AFP, lors de sa venue à Genève.
Le comité de l'ONU attend aussi des explications sur l'"évacuation" des enfants ukrainiens vers la Russie ou les territoires ukrainiens sous contrôle russe.
L'Ukraine estime à 20.000 le nombre d'enfants ukrainiens envoyés de force en Russie. Seuls environ 400 ont été rapatriés par les autorités à ce stade, et la Cour pénale internationale a émis l'an dernier des mandats d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire russe à l'enfance, Maria Lvova-Belova, pour la "déportation" de milliers d'enfants ukrainiens.
Moscou rejette fermement ces accusations.
"La réinstallation des enfants évacués se fait avant tout à leur demande et avec leur accord", a affirmé la Russie dans un document envoyé l'an dernier au comité et que l'ONU a transmis aux journalistes la semaine dernière.
(K.Lüdke--BBZ)