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La société iRobot, qui commercialise les robots aspirateurs Roomba, a annoncé lundi le lancement d'un plan de restructuration qui devrait entraîner le licenciement de 350 personnes dans la foulée de l'échec de son rachat par le géant de la vente en ligne Amazon.
Un peu plus tôt dans la journée, le groupe américain Amazon a en effet annoncé qu'il renonçait à l'opération, faute d'être sûr d'obtenir l'approbation de la Commission européenne, qui y voyait un risque de réduction de la concurrence.
"Nous sommes déçus qu'Amazon ne puisse pas aller au bout de l'acquisition d'iRobot", a déclaré dans le communiqué David Zapolsky, un des principaux responsables du groupe Amazon.
"Les fusions et acquisitions comme celle-ci aident des entreprises comme iRobot à mieux se positionner sur le marché mondial", a-t-il ajouté.
"La fin de l'accord [d’acquisition] est décevante, mais iRobot se tourne désormais vers l'avenir et la volonté de développer des robots intelligents et des innovations qui rendent la vie meilleure", a de son côté déclaré le fondateur d'iRobot, Colin Angle.
Dans la foulée de cette première annonce, iRobot a dévoilé son plan de restructuration, qui devrait entraîner la réduction de près d'un tiers de ses effectifs, mais aussi la réduction de 20 millions de dollars de ses dépenses de recherche et développement.
Ce plan, qui devrait coûter à l'entreprise entre 12 et 13 millions de dollars, vise à générer entre 80 et 100 millions d'économie.
Fin septembre, l'entreprise avait annoncé une baisse de 26,5% de son chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois, après un recul de 24,4% déjà enregistré sur l'ensemble de l'année 2022.
Après avoir réagi négativement à l'échec de l'acquisition, les marchés se sont calmés un peu calmés au sujet du titre iRobot, qui a tout de même terminé en recul de 8,77% à 15,50 dollars à Wall Street. De son côté l'action d'Amazon a été épargnée, terminant la séance en hausse de 1,34%, à 161,13 dollars.
- L'industrie inquiète -
La Commission européenne a annoncé prendre note de la décision des deux entreprises.
Citée dans le communiqué, la commissaire européenne chargée de la Concurrence Margrethe Vestager a rappelé que cette opération aurait pu "restreindre la concurrence sur le marché des robots aspirateurs, entraînant des prix plus élevés, une moindre qualité et moins d'innovation pour les consommateurs", estimant par ailleurs que les premiers éléments de son enquête pointaient dans cette direction.
Début juillet, la Commission avait annoncé qu'elle ouvrait une enquête afin de déterminer si l'acquisition permettrait à Amazon de "restreindre la concurrence" et de "renforcer sa position en tant que fournisseur de marché en ligne".
"Amazon est à la fois une place de marché en ligne et un détaillant. Nous craignons qu'en acquérant iRobot, Amazon n'utilise ce double rôle pour empêcher les concurrents d’iRobot d’accéder à son marché", avait alors expliqué Mme Vestager.
iRobot fabrique des aspirateurs robots et les vend également sur la place de marché en ligne d'Amazon.
Dans un communiqué, la Computer & Communications Industry association (CCIA), qui représente les entreprises du secteur s'est inquiété, par la voix de son vice-président en Europe Daniel Friedlaender, du fait que "si l'Europe adoptait une politique à l'égard des acquisitions basée sur des raisons politiques plutôt que de concurrence, cela entraînerait au final moins de concurrence et d'innovation dans l'UE".
"C'est mauvais pour le consommateur, pour le choix et pour l'industrie européenne", a-t-il ajouté.
L'achat des aspirateurs autonomes Roomba, annoncé en août 2022, visait à élargir ses ambitions en matière d'intelligence artificielle et de maison intelligente.
L'annonce de l'UE était survenue après que le régulateur de la concurrence britannique avait de son côté approuvé la prise de contrôle en juin 2023.
(H.Schneide--BBZ)