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Au moins 51 personnes ont été tuées dans des incendies de forêt qui ravagent le centre et le sud du Chili, la tragédie la plus meurtrière de la dernière décennie dans le pays, et dont le bilan risque encore de s'alourdir dimanche.
"En l'espace d'une minute, nous avons tout perdu", a déclaré, effondré en larmes, Luis Vial, un retraité de 69 ans, devant les décombres de sa maison, dans le quartier de Villa Independencia, où 19 personnes ont péri, sur les collines de la région touristique de Valparaiso.
Après une accalmie, les incendies ont repris dans cette région, où se trouve la célèbre station balnéaire de Viña del Mar dont les plages sont prisées en cette période de l'été austral marqué par des températures caniculaires.
Pendant des heures, Rosana Avendaño, une aide-cuisinière de 63 ans, a craint le pire pour son mari, seul dans leur maison d'El Olivar, un quartier de Viña del Mar.
"C'était terrible parce que je ne pouvais pas rentrer" chez moi, a-t-elle raconté à l'AFP. Quand "le feu est arrivé", "mon mari était couché et il a commencé à sentir la chaleur de l'incendie et il s'est enfui", a-t-elle rapporté, soulagée que son époux ait pu échapper aux flammes avec leur animal de compagnie. Mais "nous avons tout perdu", a-t-elle ajouté.
En plus des pertes humaines, entre 3.000 et 6.000 maisons ont été endommagées ou détruites par les incendies de forêt les plus meurtriers de la dernière décennie au Chili, selon le sous-secrétaire.
Depuis le palais de La Moneda à Santiago, le président Gabriel Boric, qui avait survolé le sinistre en hélicoptère, a annoncé que le nombre de victimes allait "augmenter" étant donné la "dimension" que prend "la tragédie", qui a également ravagé 43.000 hectares de forêt notamment sur la côte pacifique.
"C'est une catastrophe sans précédent, la région de Valparaiso n'a jamais connu une situation de cette ampleur", a déclaré Macarena Ripamonti, maire de Viña del Mar.
Des vents violents attisaient les flammes et une chape de fumée noire recouvrait les rues, où les explosions se succédaient, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les autorités ont instauré un couvre-feu nocturne et de nouveaux appels à l'évacuation ont été lancés.
Une trentaine de foyers restaient actifs sur un total de 92 incendies recensés, et les pompiers s'efforçaient d'en venir à bout à l'aide d'hélicoptères et d'avions.
- "Un enfer" -
Sur les collines de Valparaiso, où les rues sont jonchées de centaines de voitures calcinées, des milliers de personnes ont découvert samedi matin leurs maisons détruites.
"C'était un enfer, des explosions. J'ai essayé d'aider mon voisin à éteindre sa voiture, ma maison commençait à brûler par derrière. C'était une pluie de cendres", a raconté à l'AFP Rodrigo Pulgar, un chauffeur qui a perdu sa maison à El Olivar.
Les pompiers luttent sans relâche depuis vendredi contre des dizaines de foyers dans les régions de Valparaiso et O'Higgins dans le centre, mais aussi de Maule, Biobio, La Araucania et Los Lagos, dans le sud.
"La priorité, ce sont les incendies de la région de Valparaiso, en raison de leur proximité avec les zones urbaines", a déclaré la ministre de l'Intérieur Carolina Toha.
Il s'agit de zones situées entre 80 et 120 km au nord-ouest de Santiago, riches en entreprises viticoles, agricoles et forestières.
Le président Boric a décrété vendredi l'état d'exception afin de "disposer de tous les moyens nécessaires" face à la progression des incendies.
- "Une pluie de cendres brûlantes" -
"Nous avons reçu une alerte sur le portable et une pluie de cendres brûlantes a commencé à tomber", avait confié plus tôt Yvonne Guzman, jointe au téléphone par l'AFP.
Cette femme de 63 ans, qui a abandonné sa maison à Quilpué, une ville située à 90 kilomètres au nord-est de Santiago, s'est retrouvée bloquée plusieurs heures dans sa voiture, avec sa belle-mère nonagénaire.
Depuis mercredi, la température frôle les 40 degrés dans le centre du Chili et la capitale Santiago.
"Ces épisodes sont de plus en plus récurrents, c'est pourquoi nous voyons tous les ans des records historiques de températures", a expliqué à l'antenne chilienne de la chaîne CNN Pablo Lobos Stephani, chargé de la protection contre les incendies à l'office national des forêts chilien Conaf.
Cette canicule résultant du phénomène climatique El Niño touche actuellement le cône sud de l'Amérique latine, en pleine période estivale, provoquant des incendies de forêt aggravés par le réchauffement climatique. Après le Chili et la Colombie, la vague de chaleur menace dans les prochains jours l'Argentine, le Paraguay et le Brésil.
(H.Schneide--BBZ)