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L’Équateur a déposé une plainte lundi contre le Mexique devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour violation "d'obligations internationales" après l'asile accordé à l'ancien vice-président Jorge Glas, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
La plus haute instance judiciaire des Nations unies, basée à La Haye, a confirmé dans un communiqué la plainte déposée par Quito contre le Mexique pour avoir notamment "accordé illégalement l'asile politique à M. Glas et s'être ingéré dans ses affaires intérieures".
L’Équateur connaît depuis début avril une tempête diplomatique provoquée par le raid policier mené à l'ambassade du Mexique à Quito pour capturer l'ancien vice-président équatorien, qui fait l'objet d'une enquête pour corruption.
L'ex-vice-président du dirigeant de gauche Rafael Correa (2007-2017) venait de se voir accorder l'asile par le Mexique lorsqu'il a été arrêté. Il se trouve désormais dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l'Équateur).
Quito avait qualifié l'asile accordé d'"illicite", alléguant que l'ancien vice-président (2013-2017) fait l'objet d'une enquête pour détournement de fonds publics et qu'il a fait l'objet de deux condamnations pour corruption.
Le Mexique a rompu ses relations diplomatiques avec l’Équateur après l'assaut contre son ambassade, qui a provoqué un tollé international.
Il a également déposé une plainte devant la CIJ pour faire valoir le caractère inviolable des représentations diplomatiques, établi par la Convention de Vienne de 1961. À partir de mardi, la juridiction doit entendre les arguments des deux pays dans le cadre de cette plainte.
- Déclarations "fausses et insultantes" -
L'Équateur a indiqué avoir présenté sa demande devant la CIJ "pour violation par le Mexique d'une série d'obligations internationales, en raison de la conduite de ce pays depuis le 17 décembre 2023", date à laquelle M. Glas s'est réfugié dans l'ambassade du Mexique à Quito, indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
L'Équateur demande que soit reconnu le fait que le Mexique "n'a pas rempli, entre autres, ses obligations de ne pas accorder l'asile à des personnes poursuivies ou jugées pour des délits de droit commun ou condamnées par des tribunaux ordinaires".
Le pays porte plainte aussi pour les déclarations "fausses et insultantes" du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador qui "jettent le doute sur la légitimité des élections de 2023 en Équateur", en mettant en cause l'assassinat du candidat Fernando Villavicencio.
Ce dernier a été abattu après un meeting de campagne dans le nord de Quito à quelques jours de l'élection du 20 août. Le président mexicain de gauche avait accusé les autorités équatoriennes d'avoir exploité son assassinat pour favoriser l'élection du libéral Daniel Noboa, au détriment de la candidate de gauche Luisa Gonzalez.
Avec ces déclarations, le Mexique a "violé le principe de non-intervention dans les affaires intérieures d'autres États", estime le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué.
Pour Quito, le Mexique "a manqué à ses obligations de respecter les lois et règlements de l’État d'accueil, de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de l’État d'accueil et de ne pas utiliser les locaux de la représentation d'une manière incompatible avec les fonctions de la mission diplomatique", souligne le document.
Le Mexique a fermé son siège diplomatique à Quito pour une durée indéterminée et l'Équateur a retiré ses fonctionnaires de l'ambassade de Mexico, mais a maintenu ses consulats ouverts.
(A.Berg--BBZ)