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Une personne a été tuée et plusieurs grièvement blessées dans la nuit de vendredi à samedi à Sevran, ville pauvre de Seine-Saint-Denis, une fusillade que le maire attribue à la guerre de plus en plus violente que se livrent les trafiquants de drogue.
Les faits se sont produits vendredi vers 23H45, dans le quartier des Beaudottes de la commune de 52.000 habitants, située à 25 km au nord-est de Paris, où le taux de pauvreté a atteint 33% en 2021 selon l'Insee.
A l'arrivée des forces de l'ordre, quatre personnes blessées se trouvaient à terre, selon une source policière.
Dans la nuit, trois autres blessés par balles ont été transportés au centre hospitalier d'Aulnay-sous-Bois, selon cette même source.
Deux personnes seraient arrivées sur un parking à bord d'une voiture Peugeot 5008. Le passager serait sorti du véhicule puis aurait tiré à plusieurs reprises avant de prendre la fuite, a indiqué la source policière.
De même source, 25 douilles de calibre 7.62 ont été retrouvées au sol.
Aucune trace de la fusillade n'était visible samedi matin sur le parking du centre culturel Micro-Folie où se sont produits les faits, a constaté une journaliste AFP.
Un habitant de la cité des Beaudottes a indiqué à l'AFP avoir "entendu des tirs un peu avant minuit". "J'ai compris que ça venait d'ici", a ajouté l'homme d'une quarantaine d’'années en pointant le parking du doigt, "mais je ne suis pas descendu de chez moi", a-t-il dit, préférant ne pas donner son nom.
Sur place, un employé du service technique de la mairie, souhaitant également rester anonyme, a conseillé aux journalistes présents de ne pas s'éterniser sur les lieux car "les jeunes vont bientôt descendre". "C'est chaud", a-t-il simplement ajouté.
- "Economie de mort"-
Une enquête a été ouverte pour homicide volontaire en bande organisée et tentatives d'homicides volontaires en bande organisée, a indiqué le parquet de Bobigny à l'AFP. Elle a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne. Aucune personne n'avait été interpellée samedi matin.
"On ne va pas se voiler la face: c'est forcément un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Blanchet, maire DVG de la ville depuis 2018.
"Il y a besoin de mettre de l'ordre et d'intervenir profondément pour éradiquer le trafic", a-t-il ajouté, déplorant que "les abrutis qui tirent à balles réelles n'écoutent pas les appels au calme".
Dans un communiqué publié samedi sur le site de la ville, l'édile dénonce un "déchaînement inouï" de violence qu'il attribue à "l'argent sale de l'économie de la drogue", une "économie de mort qui pourrit nos villes".
"Les semaines précédentes, d'autres tirs avaient eu lieu, probablement liés aux trafics, dans un quartier proche d'une ville voisine", a-t-il précisé, soulignant que "ces phénomènes dépassent malheureusement les frontières de nos villes".
"Nous ne sommes pas face à un fait divers local sordide, mais bien face à un phénomène national voire international d'ampleur", a-t-il insisté, pointant du doigt le "crime en bande organisée qui terrorise pour prospérer".
Après Marseille, Sevran avait fait l'objet d'une opération anti-drogue "place nette XXL" le 25 mars dans l'objectif de porter un coup d'arrêt aux trafics.
L'enquête devra établir si cette fusillade est liée à un conflit de territoire entre trafiquants de stupéfiants à la suite de l'opération.
A la mi-avril, neuf opérations antidrogues labellisées "place nette XXL" avaient donné lieu à près de 600 présentations à un juge et 186 mandats de dépôt.
Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, "il y a eu 3.814 interpellations, plus de 500 armes saisies, quatre tonnes de drogues et 20 millions d'euros en argent frais" récupérés dans le cadre de ces opérations.
Un total de 315 faits d'homicides ou tentatives d'homicide liés au trafic de stupéfiants ont été comptabilisés en France entre janvier et novembre 2023 en zone police, soit une hausse de 57% sur un an, selon la police nationale.
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(F.Schuster--BBZ)