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Emmanuel Macron a accueilli lundi à l'Elysée Xi Jinping pour une visite d'Etat de deux jours en France, appelant d'emblée à des règles commerciales "équitables", alors que les différends s'accumulent entre l'Europe et la Chine, et à une coordination "décisive" sur la guerre en Ukraine.
Le président français, qui espère toujours poser son pays en "puissance d'équilibre" face au bras de fer sino-américain, célèbre les 60 ans de relations diplomatiques bilatérales avec son homologue chinois, arrivé la veille à Paris pour sa première tournée européenne depuis 2019.
"La situation internationale, très clairement, nécessite plus que jamais ce dialogue euro-chinois", a affirmé Emmanuel Macron à l'ouverture des échanges, alors que certains de ses opposants, comme le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann, lui reprochent de "dérouler le tapis rouge" de façon "obséquieuse" à un "dictateur".
Le président Macron a expliqué vouloir soulever "en toute amitié et confiance" les "préoccupations, pour essayer de les surmonter", mettant en garde contre "une logique de découplage qui serait néfaste" sur le plan économique, et prônant "des règles équitables pour tous".
La patronne de l'exécutif de Bruxelles a aussi demandé un "égal accès aux marchés". Avant la rencontre, elle avait insisté sur le fait que l'Europe ne pouvait "pas accepter" le "commerce déloyal" causé par l'afflux de véhicules électriques ou d'acier chinois fabriqués grâce à des "subventions massives".
- "Trêve olympique" -
Face à eux, le numéro un de la superpuissance asiatique n'est pas rentré dans le dur des sujets en présence des caméras, plaidant seulement pour que la Chine et l'Union européenne renforcent leur "coordination stratégique" et demeurent "des partenaires".
Les différends commerciaux sont nombreux et pourraient déboucher sur des hausses des taxes douanières. Menacée d'être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par la puissance publique, l'UE a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques.
Le président français a reconnu, dans La Tribune Dimanche, que les Européens n'étaient "pas unanimes" sur leur stratégie. Une pique à peine voilée à l'égard de l'Allemagne, souvent accusée de faire cavalier seul pour préserver ses exportations de voitures vers la deuxième puissance économique mondiale.
A Pékin, les mesures européennes sont jugées "protectionnistes". Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubventions visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s'élever.
Après un accueil protocolaire en grande pompe en début d'après-midi aux Invalides, le duo franco-chinois aura un tête-à-tête plus politique suivi de déclarations à la presse et d'un banquet à l'Elysée.
Le Français compte demander au Chinois de soutenir la "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été. La "coordination" avec Pékin sur les "crises majeures" en Ukraine et au Moyen-Orient est "absolument décisive", a-t-il martelé lundi.
Paris veut a minima s'assurer que la Chine, principale alliée du président russe Vladimir Poutine, ne bascule pas dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire "l'encourager à utiliser les leviers" dont elle dispose sur Moscou pour "contribuer à une résolution de ce conflit", selon l'Elysée.
- "Obséquieux" -
Emmanuel Macron avait porté ce même message il y a un an en Chine, avec des résultats modestes.
Souhaitant le retour de "la paix et la stabilité" en Europe, Xi Jinping a assuré dans une tribune publiée dans Le Figaro vouloir "œuvrer avec la France et toute la communauté internationale à trouver de bonnes pistes pour résoudre la crise" en Ukraine.
Mais il continue d'afficher son soutien à la Russie, et se rendra après la France en Serbie et en Hongrie, deux pays restés proches de Moscou, avant de recevoir probablement le président Poutine en Chine.
Le président français enfoncera le clou mardi, dans les Pyrénées, à l'occasion d'une escapade plus personnelle entre les deux hommes.
Sur la question sensible des droits humains, Emmanuel Macron dit préférer évoquer "les désaccords" plutôt "derrière des portes closes".
Plusieurs milliers de Tibétains, selon leurs représentants, ont manifesté dimanche à Paris contre la venue du président chinois, en France, "pays des droits de l'homme" qui accueille "un dictateur".
(T.Renner--BBZ)