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Les auteurs des fusillades sur fond de trafic de stupéfiants qui ont fait trois morts en moins de quarante-huit heures ce week-end à Sevran (Seine-Saint-Denis) étaient toujours recherchés lundi, a appris l'AFP du parquet de Bobigny et de sources policières.
Dimanche peu après 18h00, "un seul individu au visage masqué" est "arrivé et reparti à pied après avoir fait feu sur les deux victimes ciblées", a indiqué lundi le procureur Eric Mathais.
La scène du crime, commis au cœur d'une cité, a rapidement attiré les riverains par dizaines, observant à distance les forces de l'ordre travailler autour des corps recouverts de draps blancs, avait pu observer une journaliste de l'AFP.
Dans son communiqué, le procureur a précisé que les deux victimes présentaient "pour l'un deux impacts, dont un au niveau de la tête, et pour l'autre six impacts répartis sur l'ensemble du corps".
Le suspect a laissé un chargeur d'arme automatique et 18 douilles à proximité des victimes, selon les indications du parquet.
- "Règlement de comptes" -
"L'hypothèse d'un règlement de comptes en lien avec le narco-trafic est privilégiée. En revanche, aucun lien ne peut être objectivé à ce stade avec la fusillade mortelle intervenue le 3 mai à Sevran", a poursuivi Eric Mathais.
Ce double homicide est survenu moins de quarante-huit heures après une fusillade qui avait déjà fait un mort et plusieurs blessés, selon les autorités.
Un homme de 28 ans a été tué et quatre autres blessés lors de cette première fusillade, qui a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi dans la cité des Beaudottes, quartier emblématique de cette ville de 52.000 habitants.
Trois autres blessés par balles s'étaient également présentés à l'hôpital plus tard dans la nuit, l'un d'eux repartant avant d'être examiné.
Pour ces faits, un lien éventuel avec un règlement de compte lié au narco-banditisme "reste au stade d'une hypothèse de travail", a rappelé lundi le procureur de Bobigny, précisant qu'"aucune des victimes ne présentent d'antécédents de cette nature".
"Il y a un gros sentiment de crainte, de peur d'une balle perdue et que ça recommence", a réagi lundi le maire DVG Stéphane Blanchet auprès de l'AFP.
"Il y a des jeux d'enfants juste à côté, on est au milieu de la cité. Il était 6 heures (du soir). S'il y avait eu une belle journée ensoleillée, il y aurait eu plus de monde dehors. On imagine le pire", a-t-il ajouté en évoquant la fusillade de dimanche.
- "Trafic déstabilisé" -
Après Marseille, Sevran avait fait l'objet le 25 mars d'une des opérations anti-drogue "place nette XXL" menée depuis plusieurs semaines par la police pour porter un coup d'arrêt aux trafics.
Dans cette ville, le point de deal de la cité Rougemont avait été "éradiqué", selon la préfecture de police de Paris.
"On a conscience que quand on fait ça, on déstabilise le trafic, on crée des convoitises et parfois il y a des affrontements (...) pour récupérer des territoires", a dit dimanche Laurent Nuñez.
"Mais on va quand même continuer", a-t-il ajouté, évoquant une guerre contre le trafic de stupéfiants "loin d'être perdue".
Au total, 315 faits d'homicides ou tentatives d'homicide liés au trafic de stupéfiants ont été comptabilisés en France entre janvier et novembre 2023 en zone police, soit une hausse de 57% sur un an, selon la police.
Comme les "habitants des quartiers populaires", "je voudrais que tout cela cesse", a réagi lundi Clémentine Autain, députée LFI de la circonscription. "Que l'on ne meurt pas pour un règlement de comptes. Que la jeunesse puisse se projeter dans un autre avenir que celui du deal. Que la tranquillité soit la norme".
Dans la nuit de dimanche à lundi, c'est un jeune de 17 ans qui a été tué par balles dans une cité du nord de Marseille. Les circonstances de cet homicide et son éventuel lien avec le trafic de drogue n'ont pas été établis à ce stade, selon une source proche de l'enquête.
(Y.Berger--BBZ)