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Alléger le prix de son billet de train en prenant en charge un colis: c'est ce que propose l'entreprise WePost, seule en France à offrir aux clients de la SNCF la possibilité de transporter des marchandises confiées par des tiers contre rémunération.
François Eveno est ravi : il vient d'économiser "15 euros ou un tout petit peu plus" sur son voyage Montpellier-Paris qui lui en a coûté 50, juste en transportant un léger tote-bag scellé, explique-t-il à l'AFP sur le quai de la gare de Lyon, à Paris.
A l'intérieur, on entraperçoit des sacs bananes de couleur sombre, confiés par un commerçant dans le Sud. François Eveno est passé par WePost, une plateforme qui met en relation des voyageurs de la SNCF et des commerçants ou des particuliers qui veulent acheminer un ou plusieurs paquets.
Un employé de WePost lui a apporté la marchandise en gare de Montpellier et M. Eveno s'apprête à la déposer dans un relais proche de la gare.
"Ça m'arrive parfois que ça rembourse entièrement mon billet", s'enthousiasme l'étudiant de 22 ans.
Les commerçants utilisent WePost car l'entreprise leur offre, via le train, une solution de livraison moins carbonée que le transport routier ou maritime, explique à l'AFP Sophie Brette, cofondatrice de l'entreprise.
WePost "n'est pas moins cher (que d'autres logisticiens, NDLR) mais ce qui plaît, c'est l'écoresponsabilité, on est zéro carbone", dit-elle.
Pour les particuliers qui confient leur colis, l'intérêt se trouve surtout dans la rapidité du service.
"Ce sont souvent des pièces d'identité, des clés", de petites choses légères oubliées chez soi ou à l'hôtel, qu'il faut envoyer vite, raconte la cofondatrice. Sous peine "de ne pas pouvoir nourrir son chat" ou de ne pas avoir de costume "sur-mesure à porter au festival de Cannes", oublié chez soi, s'amuse-t-elle.
- Précarité des étudiants –
Le concept germe durant la pandémie de Covid.
Bruno Hameurt, qui travaille alors dans l'évènementiel, est frappé par deux choses durant la pandémie: le développement fulgurant de la vente en ligne et la précarité grandissante des étudiants.
Pourquoi ne pas absorber ces volumes de colis en les faisant voyager en train, tout en défrayant des voyageurs qui ont besoin d'arrondir leurs fins de mois ?
Il fonde alors WePost avec Mme Brette fin 2020. L'application sort "un an plus tard" et, en 2023, l'entreprise signe les premiers partenariats avec des commerçants, rembobine-t-elle.
Aujourd'hui, la start-up comptabilise 30.000 voyageurs inscrits sur sa plateforme et ambitionne de faire livrer 200.000 colis en 2024. Elle lorgne aussi les marchés suisse et belge.
Et la sécurité dans tout ça ?
Les commerçants "sont identifiés (ouverture de compte client, IBAN, Kbis)" et les pièces d'identité des particuliers expéditeurs et des voyageurs authentifiées grâce à un service tiers, indique WePost.
Les colis confiés par des particuliers (10% des paquets transportés) sont emballés dans une "enveloppe transparente ou ouverte" permettant d'en voir le contenu, selon la plateforme. Tous les colis sont identifiés et suivis grâce à un QR code et les colis de commerçants – des tote-bags – scellés pour éviter tout ajout a posteriori.
WePost rappelle que "le projet a été présenté à la prévention des risques de SNCF Voyageurs" et "incite les voyageurs à refuser jusqu'à la dernière minute s'il y a le moindre doute".
"Nous nous sommes simplement assurés que les conditions de transport de ce service sont bien compatibles avec nos consignes de sécurité", a déclaré la SNCF à l'AFP.
Alain Lefebvre, chef du bureau des affaires juridiques et contentieuses à la direction générale des douanes, appelle toutefois à "la vigilance" et au "bon sens": "le détenteur d'une marchandise en est responsable" et, en cas d'infraction (tabac, stupéfiants, contrefaçons, etc.), il s'expose aux peines encourues.
François Eveno, "pas inquiet du tout", vient de déposer son colis au relais. "Je le referai", conclut-il.
(A.Lehmann--BBZ)