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L'Europe et les Etats-Unis doivent "faire plus" contre le trafic de drogue, un "problème global" dont la "violence" commence à se voir sur le Vieux continent, affirme à l'AFP Daniel Noboa, le président de l'Equateur, un pays ravagé par le narcotrafic.
Situé entre la Colombie et le Pérou - les plus grands producteurs de cocaïne au monde - l'Équateur, naguère havre de paix, est devenue une plaque tournante de l'acheminement de la drogue, principalement de la cocaïne, vers l'Occident.
Les assassinats y ont augmenté de 800% entre 2018 et 2023. En 2023, 7.800 homicides ont été comptabilisés et 220 tonnes de drogues saisies.
Daniel Noboa, en visite à Paris, a été reçu jeudi par le chef d'Etat français Emmanuel Macron.
QUESTION: Europe et Etats-Unis en font-ils assez contre le trafic de drogue ?
REPONSE: "J'aimerais qu'ils en fassent plus. Le problème est global. Il ne s'agit pas d'un seul pays. Il ne s'agit pas seulement de l'Équateur, de la Colombie ou du Pérou. La région constate qu'elle est actuellement submergée par le trafic de drogue et la violence, et une partie de cette violence est déjà visible en Europe.
Il devrait y avoir un effort commun, car si le problème peut être arrêté à la source (...), une grande partie de la solution n'est pas seulement une question de défense ou de sécurité, il s'agit aussi de résoudre des questions sociales.
L'aide ne consiste pas seulement à nous donner un fusil ou un pistolet. C'est nous aider avec des bourses pour des jeunes de 18 ans qui n'ont aujourd'hui aucune possibilité d'étudier, c'est investir en Équateur afin de créer des emplois, mettre en place des programmes de logements décents, (...) améliorer les conditions de vie des familles."
Q: Quelles autres mesures pourrait prendre l'Occident ?
R: "Nous avons demandé aux États-Unis de nous aider à contrôler la frontière nord avec la Colombie, ainsi que la frontière sud, en particulier dans la région d'El Oro, en direction du Pérou. Il y a des gens qui arrivent en Équateur par avion et partent à pied vers le Nord, traversant la frontière colombienne, jusqu'au Mexique. La même route de la drogue se transforme en trafic d'êtres humains, en violence, en immigration et en problème structurel sur tout le continent."
Q : L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a constaté il y a dix jours que la criminalité organisée s'est accrue "brusquement" ces derniers mois en Equateur. Considérez-vous que votre politique sur ce sujet n'a pas encore eu d'effet ? Que faire de plus ?
R: "Il faut la renforcer. Nous avons réduit le nombre de morts innocents (...) Mais c'est une guerre constante, avec 22 groupes lourdement armés, qui totalisent 40.000 membres. C'est plus que notre propre armée, qui compte 36.000 soldats. Nos forces de police comptent environ 60.000 agents. C'est ça l'ampleur du problème. Il ne s'agit pas d'un problème de gang ou de quartier, mais d'un problème transnational, qui génère beaucoup d'argent."
P: Des cartels mexicains opèrent en Equateur. Pensez-vous que la coopération sur les questions de drogue sera impactée par la crise diplomatique avec Mexico, causée par un raid de la police équatorienne contre l'ambassade mexicaine à Quito, afin d'y arrêter l'ancien vice-président Jorge Glas ?
R: "Nous voulons un dialogue fluide avec le Mexique et un dialogue de paix (...). S'il y a des criminels condamnés, nous ne permettrons pas que la justice soit contournée de cette manière.
La personne qui a tenté de demander l'asile au Mexique a été condamnée pour deux délits pénaux, conformément aux lois équatoriennes, sous des gouvernements précédents. Cette personne bénéficiait de mesures de substitution afin d'être assignée à résidence.
Mais il est parti se cacher dans une ambassade. C'est l'équivalent de quelqu'un qui est en prison, qui s'évade et qui va se cacher dans une ambassade. C'est aussi simple que cela."
Q: Comment sortir de l'impasse avec le Mexique ? En rouvrant les consulats équatoriens qui ont été fermés dans ce pays ?
R: "Nous sommes prêts à discuter de beaucoup de choses. Cela fait longtemps que nous poussons pour un accord de libre-échange avec le Mexique. Nous avons voulu renforcer nos relations avec le Mexique. Mais il ne me semble pas (...) que la seule façon de rétablir les relations avec le Mexique soit de lui rendre un criminel."
(T.Renner--BBZ)