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Invoquant un "mal-être", un lycéen de 18 ans a été interpellé et placé en garde à vue lundi après avoir agressé au couteau sa professeure d'anglais, dont la vie n'est pas en danger, dans son lycée à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire).
"Ce qu'on va écarter, c'est tout le motif religieux, de radicalisation (...), la seule chose qu'il exprime, c'est un mal-être dans sa vie", a déclaré lors d'un point presse, le procureur de la République d'Angers, Eric Bouillard. Le jeune homme a été placé en garde à vue et "tient des propos cohérents" auprès des enquêteurs.
La victime "n'a pas l'air (...) d'avoir été choisie à l'avance" et l'élève n'avait pas de "grief" contre elle. Elle a eu "simplement le malheur d'être la première (enseignante) de la journée", a-t-il ajouté.
"On est sur une blessure qui, physiquement, est extrêmement légère (...) sur la joue de l'enseignante" mais "l'impact psychologique sur cette enseignante (...) va être beaucoup plus fort", a détaillé M. Bouillard.
"Expérimentée" et connaissant "bien son métier", l'enseignante "d'un peu plus de 50 ans", est dans cet établissement depuis plus de vingt ans, ont indiqué le procureur et le directeur académique des services de l'Education nationale Benoît Dechambre.
Scolarisé depuis trois ans dans le petit lycée polyvalent de l'Hyrôme où il reprenait les cours lundi après une absence pour maladie, le jeune homme, présenté comme "rieur et rigolard" par ses camarades lors de son retour en début de matinée, était inconnu des services de police ou judiciaires, selon le magistrat.
Il ne s'était pas non plus "signalé défavorablement au sein de l'établissement", selon les autorités dans un communiqué publié plus tôt. Il n'y a "pas de notion de harcèlement scolaire", selon le procureur.
Selon le récit du procureur, à son retour en classe, le lycéen a eu "un échange courtois" avec son enseignante à propos de son absence des jours précédents. Le cours d'anglais, qui se déroule normalement, est marqué par une pause. Alors que le cours reprend dans cette classe de 19 élèves, vers 9H45, l'élève de Terminale "va agripper par derrière cette enseignante, et lui donner un coup de couteau au visage, entraînant un mouvement de panique dans la classe".
Cette panique "va le faire quitter la classe en passant par la fenêtre (...) après avoir abandonné son arme". Il est ensuite interpellé "très rapidement" par une patrouille de police municipale, a indiqué M. Bouillard.
- "Introverti" -
Le couteau, dissimulé dans son sac scolaire, avait été acheté le 23 mai, parmi d'autres courses. "Il voit ce couteau et il l'achète en sachant qu'il allait faire quelque chose avec (...) Sur son mal-être, il parle de trop de pression", selon le procureur.
Une enquête pour "tentative de meurtre" a été confiée à la brigade de recherche de Cholet mais cette qualification pourra évoluer, a indiqué le magistrat.
"Le confinement de l'établissement a été levé vers midi", selon les mêmes sources. "Une cellule d'écoute psychologique a été mise en place au bénéfice des élèves et de la communauté éducative".
Devant le lycée, des forces de l'ordre gardaient la porte d'entrée, a constaté un photographe de l'AFP dans l'après-midi.
Sur X (anciennement Twitter), Nicole Belloubet, ministre de l'Education nationale, s'est déclarée "profondément choquée et indignée". "J’adresse mes pensées à la victime et à l’ensemble de la communauté éducative", a-t-elle ajouté.
"C'est un tout petit établissement. Donc on connaît un peu tout le monde. Ce n'était pas une prof détestée en soi. C'est vrai que personne ne sait vraiment pourquoi", témoigne un élève de première, âgé de 17 ans, interrogé par l'AFPTV à la sortie du lycée.
"IL était introverti", commente pour sa part un élève de seconde de 16 ans.
Le lycée de l'Hyrôme, qui se qualifie de "lycée à taille humaine" et accueille 160 élèves, est un établissement public qui "propose des formations spécialisées dans le domaine de la restauration rapide et collective d’un côté et des sciences du numérique de l’autre", selon son site internet.
(L.Kaufmann--BBZ)