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Donald Trump est depuis jeudi le premier ex-président de l'histoire des Etats-Unis à être reconnu pénalement coupable, au terme d'un procès pour des paiements dissimulés à une star de films X, un séisme pour le milliardaire qui s'est dit "innocent" en pleine course à la Maison Blanche.
Ce verdict, sans précédent et aux conséquences politiques imprévisibles, n'empêchera pas le champion républicain d'être candidat à la présidentielle du 5 novembre, face au démocrate Joe Biden, même en cas de condamnation à une peine de prison.
La peine sera prononcée le 11 juillet par le juge du tribunal de Manhattan, Juan Merchan, quatre jours avant la convention du Parti républicain qui doit investir Donald Trump, 77 ans, comme candidat de la droite américaine.
En attendant, il reste libre.
L'ancien locataire de la Maison Blanche (2017-2021), qui en une décennie a bouleversé la démocratie américaine, est resté stoïque, les épaules basses, dans la salle d'audience après la lecture du verdict.
En sortant de cette pièce où il est venu tous les jours depuis mi-avril, il s'est décrit en "homme innocent", fustigeant un procès "truqué" qui serait une "honte".
Défiant, il a assuré que le "vrai verdict" tomberait le 5 novembre, avant de rejoindre sa Trump Tower. Il y donnera vendredi matin une conférence de presse.
"Nul n'est au-dessus des lois", a réagi la campagne de Joe Biden, prévenant que seul le "bulletin de vote" permettra que Donald Trump ne retourne pas dans le Bureau ovale.
Devant le palais de Justice de Manhattan, des manifestants anti-Trump se sont congratulés lorsqu'ils ont appris le verdict historique.
"J'ai 60 ans, je suis un New-Yorkais gay (...) et c'est l'un des rares moments où, vraiment, personne n'est au-dessus de la loi aux Etats-Unis d'Amérique", s'est réjoui John Rudy.
- Conséquences incertaines -
Après deux jours de délibérations, les 12 jurés ont déclaré à l'unanimité Donald Trump coupable de l'ensemble des 34 délits de falsifications de documents comptables, destinées à cacher un paiement de 130.000 dollars à l'actrice de films X Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.
"Vous avez accordé à cette affaire l'attention qu'elle méritait", a dit aux jurés, la voix tremblante, le juge Merchan, que Donald Trump a souvent traité de "corrompu".
En théorie, l'ancien président encourt jusqu'à quatre ans de prison ferme, possiblement assortis d'une amende. Mais le juge peut aussi prononcer une peine de prison avec sursis probatoire, voire des travaux d'intérêt général.
Le verdict tombe en pleine campagne présidentielle, alors que se profilent le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden, le 27 juin, et la convention républicaine à Milwaukee, du 15 au 18 juillet.
A cinq mois de l'élection, les conséquences de cette décision sur le scrutin sont difficiles à prédire, d'autant que le magnat républicain devrait faire appel.
Depuis 2023, ses inculpations dans quatre affaires pénales distinctes et ses trois condamnations au civil -- des ennuis judiciaires qu'il qualifie de "chasse aux sorcières" orchestrée par l'establishment démocrate -- ne l'ont pas empêché de remporter haut la main la primaire de son parti.
Mais d'après plusieurs sondages, une partie des électeurs favorables à Donald Trump pourraient désormais renoncer à voter pour lui.
- Scandale sexuel -
Privé de campagne sur le terrain, Donald Trump s'est quand même servi de son procès pour capter l'attention médiatique, prenant la parole plusieurs fois par jour en dehors de la salle d'audience.
Il a cependant renoncé à témoigner durant son procès.
Pendant six semaines, les jurés ont plongé dans les coulisses de la campagne présidentielle de 2016, finalement victorieuse mais où la peur d'un scandale sexuel semblait omniprésente dans le camp Trump.
Stormy Daniels avait reçu, à quelques jours du scrutin, 130.000 dollars pour se taire sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006, quand il était encore un magnat de l'immobilier et du divertissement et qu'il était déjà marié à son épouse Melania.
Le témoignage de l'ex-actrice a été un des points d'orgue des débats. Elle a notamment raconté en détail cette relation sexuelle, selon elle consentie mais où le "rapport de force" était "déséquilibré". Donald Trump nie que cet épisode ait eu lieu.
Les 130.000 dollars avaient été versés à l'actrice par l'ancien homme de confiance du milliardaire, Michael Cohen, devenu depuis son ennemi juré. Ce dernier a sobrement salué jeudi "un jour important" pour la "vérité".
Quand Michael Cohen s'était fait rembourser en 2017, par plusieurs chèques signés de Donald Trump, alors à la Maison Blanche, les dépenses avaient été maquillées en "frais juridiques" dans les comptes de la Trump Organization.
Pour les procureurs, derrière ces falsifications comptables, "le coeur de (l')affaire, (était) un complot et une dissimulation" pour gagner l'élection contre Hillary Clinton en 2016.
La défense avait balayé cette thèse, assurant que Donald Trump, devenu président, ne connaissait pas les détails de la paperasse quand il a rémunéré Michael Cohen.
(H.Schneide--BBZ)