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Elle a regardé des heures de vidéos de la superstar américaine pour se préparer: la drag queen Victoria Idole, qui se produit dimanche en amont du concert à Lyon de la vraie Taylor Swift, veut éviter le moindre faux pas.
Le luxueux restaurant Coco, qui propose un "drag brunch", est envahi par les Swifties (ainsi que s'appellent entre elles les fans de Taylor Swift), dont beaucoup ont traversé l'Atlantique pour voir leur idole.
C'est l'une des nombreuses initiatives proposées par des commerces lyonnais aux fans, dont beaucoup ne regardent pas à la dépense, pour se mettre dans le bain à quelques heures du début du concert.
Victoria Idole est l'une des cinq drag queen venues se déhancher en tenues de scène devant plus de 200 personnes sur les airs de l'auteure-compositrice-interprète américaine.
Body orangé et perruque aux longs cheveux lisses détachés, la Franco-Suisse Victoria Idole, 34 ans, a choisi de lancer le spectacle par les mêmes titres que le fera plus tard dans la soirée la véritable Taylor: "Miss Americana" et "Cruel Summer".
"Ça a été beaucoup de boulot pour voir à quel moment elle allait à droite, à gauche, elle se rapproche des gens" dans les vidéos des tournées, a-t-elle confié à l’AFP en amont.
Dans le restaurant art déco, "beaucoup ont déjà fait le concert trois ou quatre fois, alors elles connaissent tout ses gestes par coeur, je ne peux pas être à côté".
Le public accueille les spectacles avec des tonnerres d'applaudissements et chantent en choeur entre deux bouchées de toast à la truffe.
"C'est vraiment une belle façon de passer la matinée avant le concert, autrement on serait sans doute resté à l'hôtel à attendre", s'enthousiasme Gabriel, vêtu d'une mini robe moulante à sequins roses surmontée d'une veste rose en fausse fourrure et perché sur de vertigineuses bottines brillantes.
Après le brunch, le petit groupe d'amis, venus de Montréal pour l'occasion, se rendra directement au concert.
"C’est 24 heures de Taylor Swift… ou plus exactement, 24 ans", s’amuse le trentenaire, qui suit son idole depuis ses premiers albums de country.
Autour des tables, c'est "90% d'Américains", estime l'organisatrice de l'évènement, Caroline Fazeli.
"Il y a des couples, des familles, surtout des Swifties mais aussi quelques pères, des maris, qui ont été forcés de venir", note cette sommelière américaine installée à Lyon depuis 17 ans.
- Emotions -
Constance et Jade, deux cousines franco-américaines de 15 et 25 ans, sont venues avec leurs parents.
"C’est ma mère qui m’avait fait découvrir" Fearless, son deuxième album "quand j’avais dix ans", assure Jade.
"C’est magique d’avoir notre famille avec nous", rebondit sa cousine.
"Chaque album peut représenter une émotion (...) N’importe quel moment de notre vie peut se retrouver dans sa musique", analyse l'adolescente. "C’est spécial parce qu’il n’y a pas beaucoup de femmes dans l’industrie musicale qui parlent des émotions comme elle le fait".
Ici, les convives peuvent se prendre en photo avec une reproduction en carton de la chanteuse, là, une table est dédiée à la confection de bracelets de l'amitié. Plus loin, un atelier paillettes.
Meghan Fierce, 23 ans, enchaîne ce week-end ses propres performances drag et deux concerts de son idole - "aujourd’hui en gradins, demain en fosse. Ca va être fatiguant mais génial".
"Ça fait 10 ans que j’attends ça", trépigne-t-elle dans ses longues cuissardes rouge vif.
L’ambiance monte, et l’excitation du concert aussi. Rachel, venue de Pennsylvanie avec ses meilleures amies et sa mère, danse déjà à sa table.
"J’ai tellement hâte, même s’il va pleuvoir, elle va être incroyable".
A l’autre bout de la table, sa mère, Darnelle, dans une veste à sequins violette, est formelle : Taylor Swift a "des albums qui parlent à tous les âges".
La quinquagénaire dit se retrouver dans cette écriture "intemporelle", et a bien révisé les paroles en attendant ce soir.
Le concert se tiendra à guichets fermés avec quelque 50.000 personnes attendues dimanche et autant pour la deuxième date lundi.
(P.Werner--BBZ)