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Le Premier ministre indien Narendra Modi et ses alliés s'acheminent mardi vers la victoire aux élections législatives, mais avec une majorité parlementaire réduite et le principal parti d'opposition renforcé, selon les chiffres de la commission électorale.
Les analystes et les sondages à la sortie des urnes prévoyaient la victoire écrasante de M. Modi et de son parti, dont la campagne a séduit la majorité hindoue, au grand dam des minorités religieuses.
Mais pour la première fois en une décennie, le Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi pourrait ne pas emporter seul la majorité, et devra s'appuyer sur les alliés de sa coalition, selon les chiffres de la commission électorale.
Selon des chiffres de la commission électorale après le dépouillement de 87% des bulletins, le BJP et les membres de sa coalition obtiendraient au moins 288 sièges, soit plus que les 272 nécessaires à l'obtention d'une majorité parlementaire à la chambre basse de 543 sièges.
Le BJP, avec 37,3% des voix, ne mène qu'avec 244 sièges, selon les résultats partiels de la commission électorale, soit bien en-dessous des 303 sièges remportés en 2019. Le Congrès, au contraire, remporterait 99 sièges contre 52 cinq ans plus tôt.
Les célébrations ont déjà commencé au siège du BJP.
- "Défaite morale" -
Mais le siège du Congrès, principal parti d'opposition, était également en liesse.
"Le BJP a échoué à obtenir une large majorité à lui seul", a déclaré à la presse Rajeev Shukla, député du Congrès. "C'est une défaite morale pour eux."
Face à un score meilleur que prévu de l'opposition et une majorité réduite pour le BJP, l'indice de référence Sensex a chuté de plus de 7% à la Bourse de Bombay, avant de se reprendre et de perdre près de 5% vers 08H15 GMT. Le cours de la principale entreprise cotée en Bourse du milliardaire indien Gautam Adani, un allié clé de Modi, Gautam Adani, a chuté de 25%.
Au vu des précédentes élections générales, les principales tendances sont généralement claires en milieu d'après-midi, les perdants concédant leur défaite, même si les résultats complets et définitifs pourraient n'arriver que dans la nuit de mardi.
M. Modi, 73 ans, qui reste très populaire après deux mandats, s'est déclaré ce week-end certain que "le peuple indien a(vait) voté en nombre record" pour le réélire, après une décennie passée à la tête du pays.
Les opposants au Premier ministre, parfois paralysés par des luttes intestines, ont peiné face à la puissance de son parti et accusé le gouvernement d'instrumentaliser la justice à des fins politiques en multipliant les poursuites à leur encontre.
La fondation américaine Freedom House a, elle aussi, estimé que le BJP avait "de plus en plus recours aux institutions gouvernementales pour cibler les opposants politiques".
- "Puissance de la démocratie indienne" -
L'opposition et les défenseurs des droits humains dénoncent un recul démocratique et accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.
Indignée, l'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre.
Pourtant, l'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".
Quelque 642 millions d'Indiens ont voté dans ce scrutin qui s'est déroulé en sept phases sur une période de six semaines.
Le commissaire électoral en chef, Rajiv Kumar, a vanté lundi "l'incroyable puissance de la démocratie indienne".
Sur la base des 968 millions d'électeurs recensés par la commission, 66,3% des électeurs ont pris part au scrutin, soit une baisse d'un point de pourcentage par rapport aux 67,4% de participation aux élections générales de 2019.
(Y.Berger--BBZ)