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Suspendu depuis début mai, l'humoriste Guillaume Meurice a finalement été licencié par Radio France, qui l'accuse de "déloyauté répétée" pour avoir réitéré ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
C'est la "fin d'un faux suspense", a-t-il estimé auprès de l'AFP, après que la radio publique lui eut notifié par courrier la "rupture anticipée de (son) contrat pour faute grave".
"Cette victoire, c'est avant tout la vôtre !", a-t-il posté sur X à destination de figures politiques (Marine Le Pen, Eric Zemmour) et médiatiques (Pascal Praud, Elisabeth Lévy...) classées très à droite, ainsi qu'à la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur.
"Cette décision, je l'ai prise pour déloyauté répétée à l'égard de l'entreprise", a justifié la présidente de Radio France, Sibyle Veil, dans un mail envoyé au personnel.
"Ni la liberté d'expression, ni l'humour, n'ont jamais été menacés à Radio France", a-t-elle assuré, en reprochant à M. Meurice d'avoir "envenimé la polémique des mois durant".
L'humoriste au positionnement très à gauche avait eu le 16 mai un entretien préalable à un possible licenciement avec les ressources humaines de Radio France, puis était passé en commission de discipline le 30 mai, avant la décision annoncée mardi.
Figure de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, M. Meurice avait été écarté de l'antenne le 2 mai, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur M. Netanyahu tenus une première fois fin octobre.
Il l'avait comparé à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui avait déclenché des accusations d'antisémitisme et une plainte, finalement classée sans suite.
Ces propos avaient également valu à Radio France une mise en garde de l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel.
"En réitérant finalement ses propos à l'antenne en avril, Guillaume Meurice a ignoré l'avertissement qu'il avait reçu, la mise en garde de l'Arcom et détourné la décision du procureur" de classer la plainte sans suite, a argumenté Mme Veil.
"Il ne nous a pas laissé d'autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée", a-t-elle jugé.
- Soutiens à gauche -
La suspension de Guillaume Meurice avait provoqué une grève à France Inter le dimanche 12 mai.
Fin mai, les syndicats de Radio France et la rédaction de France Inter avaient demandé à leur direction de renoncer "à une décision de licenciement" de l'humoriste, estimant que cela "créerait un précédent grave" pour "la liberté d'expression".
Un argument récusé par Mme Veil.
"Plusieurs chroniqueurs ont (...) librement exprimé sur nos antennes leur soutien à Guillaume Meurice. Il y a quelques jours, l'un d'entre eux me comparait à Donald Trump et imaginait que mes décisions me faisaient l'usage d'un vibromasseur. Quand on entend cela, on peut se dire que la liberté d'expression a peu à craindre", a-t-elle fait valoir dans son message interne.
Dans la foulée de cette annonce, un autre humoriste du "Grand dimanche soir", Aymeric Lompret, a annoncé qu'il quittait l'émission en signe de soutien à son collègue. "Plus Guillaume = plus Aymeric", a-t-il écrit sur le réseau social X.
De son côté, le syndicat Sud, auquel appartient M. Meurice, a vu dans ce licenciement une "faute grave de Sibyle Veil", avant les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet où le Rassemblement national (RN) se présente en position de force.
"Alors que l'extrême droite est aux portes du pouvoir, (...) votre décision fragilise considérablement l'ensemble de notre entreprise", a écrit Sud dans un communiqué interpellant Mme Veil.
"Première mesure du Front populaire: la réintégration de Guillaume Meurice à France Inter", a pour sa part assuré le député insoumis François Ruffin sur X, en référence au rassemblement envisagé par la gauche pour les législatives.
Trois jours après l'annonce de son licenciement, Guillaume Meurice doit donner son prochain spectacle vendredi soir sur la scène du Cirque d'hiver à Paris, le jour de son 43e anniversaire.
(F.Schuster--BBZ)