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Les hommes armés qui ont attaqué dimanche soir un bus de pèlerins hindous au Cachemire sous administration indienne ont continué à tirer pendant plusieurs minutes même après la chute du véhicule dans un ravin, ont raconté mardi des survivants traumatisés de l'attaque, qui a fait neuf morts.
"Des balles ont d'abord atteint un pneu du bus et il s'est écrasé contre un arbre. Ma tête s'est coincée sous le siège devant moi", a raconté Palit Gupta, une jeune fille faisant partie des 33 personnes blessées.
"Mon papa m'a sortie alors que je pleurais et que je criais +sauvez-moi+", a-t-elle dit à l'AFP depuis son lit d'hôpital.
L'attaque du bus de pèlerins hindous, qui venaient de visiter le sanctuaire de Shivkhori, a eu lieu dimanche soir, une heure avant que le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi ne prête serment pour un troisième mandat dans la capitale New Delhi.
"Pendant un moment j'ai cru que j'avais perdu la vie, mais ensuite j'ai prié en promettant que je retournerais au sanctuaire si je survivais", a témoigné un autre blessé, Devi Prasad.
Le Cachemire est divisé entre l'Inde et le Pakistan depuis leur indépendance en 1947, et tous deux revendiquent l'intégralité du territoire de haute altitude.
Les groupes rebelles mènent une insurrection depuis 1989, exigeant l'indépendance ou une fusion avec le Pakistan.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts parmi les civils, les soldats et les rebelles.
- "Attaque ignoble" -
La police a indiqué que le conducteur avait été tué au début de l'attaque, avant que le véhicule ne quitte la route et ne plonge dans le ravin.
"Les terroristes ont continué à tirer sur le bus pendant près de cinq minutes après sa chute dans la gorge", a assuré Prasad Gupta, un pèlerin soigné dans un hôpital de Jammu.
"Certains d'entre nous ont été blessés par balle", a-t-il ajouté, visiblement traumatisé. "Nous nous sommes cachés... et quand ils ont cru qu'on était morts, ils sont partis".
Santosh Kumar Verma, une grosse ecchymose au visage, a raconté qu'un des "terroristes" avait tiré à l'avant du bus, ce qui l'avait fait dévier sur le côté. Selon lui, l'attaque s’est poursuivie "pendant une quinzaine de minutes" après le crash.
Mardi, les forces spéciales et les policiers continuaient de fouiller la région de Reasi, dans le sud du territoire contesté, à l'aide de drones, à la recherche des assaillants.
Amit Shah, ministre de l'Intérieur du gouvernement précédent et qui a prêté serment peu après M. Modi, a averti dimanche soir sur les réseaux sociaux "qu'aucun des auteurs de cette attaque ignoble ne serait épargné".
La violence et les manifestations anti-indiennes ont considérablement diminué depuis 2019, lorsque le gouvernement Modi a annulé l'autonomie limitée de la région. Mais depuis lors, des groupes rebelles ont pris pour cible les Indiens situés en dehors du territoire contesté et en ont tué plusieurs.
L'attaque de dimanche était la première contre des pèlerins hindous dans cette région à majorité musulmane depuis 2017, lorsque sept hommes avaient été tués quand des hommes armés avaient ouvert le feu sur leur bus dans la vallée du Cachemire.
Durant la campagne électorale qui a débuté en avril et vient de s'achever, cinq rebelles et un caporal de l'armée de l'air indienne ont été tués dans le territoire contesté.
Deux hommes soupçonnés d'être des rebelles ont également été tués lors d'un échange de tirs avec des soldats le 3 juin.
Le taux de participation au Cachemire sous administration indienne a bondi de 30 points lors des élections par rapport au précédent scrutin de 2019, à 58,6%, un plus haut depuis 35 ans.
L'Inde accuse régulièrement son voisin pakistanais de soutenir et d'armer les rebelles, ce qu'Islamabad nie.
(T.Burkhard--BBZ)