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Le président du Centre national du cinéma (CNC) Dominique Boutonnat est jugé vendredi après-midi à Nanterre pour agression sexuelle sur son filleul, une affaire pour laquelle plusieurs associations ont demandé son retrait de ses fonctions.
Le patron du très puissant CNC, devenu pour certains un symbole d'impunité des violences sexuelles dans le milieu du 7e art, est accusé par son filleul de l'avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d'un séjour en Grèce en août 2020.
Dominique Boutonnat avait alors 52 ans et son filleul 21 ans.
Son parrain, avec qui il n'a pas de lien de parenté, a tenté de le masturber, après qu'ils se sont baignés nus dans une piscine, accuse la victime dans sa plainte que l'AFP a consultée.
"Je le masturbe pour qu'il arrête de me toucher", dénonce-t-il encore, assurant que son parrain avait ensuite essayé de lui imposer une fellation.
Pour sa part, le président du CNC a dès les premières investigations reconnu des "baisers consentis", "des gestes d'affection qu'il a stoppés quand il a senti de la part de son filleul que ce geste aurait pu dégénérer en autre chose", avait affirmé en 2022 son avocat Emmanuel Marsigny.
- Reconduit à son poste -
Il avait été mis en examen pour tentative de viol, mais le parquet a écarté cette qualification pour uniquement retenir l'agression sexuelle, suffisamment caractérisée selon lui pour qu'un procès se tienne.
Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat avait été reconduit par l'exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022.
La CGT-spectacle avait appelé à sa démission en octobre 2022, et le collectif 50/50, qui milite pour l'égalité, la parité et la diversité dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle, avait déploré sa reconduction.
"A l'heure où il nous faut collectivement améliorer les outils pour lutter contre les violences et les harcèlements sexistes et sexuels (...), comment se faire entendre quand, à la tête du principal organisme du secteur, se trouve une personne elle-même mise en examen pour des faits qualifiés par la justice +d'agression sexuelle+?", interrogeait alors le syndicat.
L'ancien producteur de cinéma dirige le très puissant Centre depuis 2019, chargé d'accorder des subventions aux productions françaises, mais également d'organiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Des formations obligatoires à la prévention de ces violences ont notamment été mises en place pour les entreprises du secteur et sont même devenues une condition pour toucher des aides publiques.
L'actrice Judith Godrèche, qui milite pour la protection des enfants et contre les violences sexuelles, particulièrement dans le milieu du cinéma français, avait demandé devant le Sénat la mise en retrait de ses fonctions du patron du CNC.
Sollicité par l'AFP, le CNC a déclaré que "les faits allégués, qui relèvent de la sphère privée, sont sans aucun rapport" avec l'activité du Centre.
Son fonctionnement n'a "pas été affecté par le déroulement de la procédure judiciaire", assure encore l'institution.
(T.Renner--BBZ)