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Le président du Centre national du cinéma (CNC) Dominique Boutonnat a nié vendredi au tribunal correctionnel de Nanterre avoir agressé sexuellement son filleul, une affaire pour laquelle plusieurs associations ont demandé son retrait de ses fonctions.
Le patron du très puissant CNC, devenu pour certains un symbole d'impunité des violences sexuelles dans le milieu du 7e art, est accusé par son filleul, 19 ans au moment des faits, de l'avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d'un séjour en Grèce en août 2020.
Devant le tribunal, le jeune homme décrit M. Boutonnat, 54 ans, avec qui il n'a pas de lien de parenté, comme "plus qu'un parrain", qui venait trois à quatre fois par semaine au domicile de ses parents.
Selon lui, lors d'un séjour dans la maison de campagne de son parrain en Grèce, ce dernier a tenté de le masturber, après un bain nus dans une piscine, et il l'a ensuite masturbé pour qu'il arrête de le toucher.
"Je le regarde pour retrouver un peu mon parrain et c'est là que je vois quelqu'un de tout à fait différent dans ses yeux, (...) c'est quelqu'un en train de m'utiliser pour se masturber", a-t-il expliqué.
Pour sa part, le président du CNC a reconnu des baisers mais consentis et initiés par son filleul, et qu'il avait brièvement embrassé le jeune homme sur la bouche le lendemain, alors que ce dernier sortait de la salle de bain, pour dédramatiser la situation.
Il a été longuement interrogé sur des messages WhatsApp envoyés à son filleul après les faits où il dit s'en vouloir et avoir voulu le "challenger sur sa sexualité".
"Je me sens mal d'avoir laissé une ambiguïté, mais une agression sexuelle, c'est faux", assure M. Boutonnat qui affirme n'avoir eu aucune attirance pour son filleul.
- Reconduit à son poste -
Il avait été mis en examen pour tentative de viol, mais le parquet a écarté cette qualification pour uniquement retenir l'agression sexuelle.
Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat avait été reconduit par l'exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022.
La CGT-spectacle avait appelé à sa démission en octobre 2022, et le collectif 50/50, qui milite pour l'égalité, la parité et la diversité dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle, avait déploré sa reconduction.
"A l'heure où il nous faut collectivement améliorer les outils pour lutter contre les violences et les harcèlements sexistes et sexuels (...), comment se faire entendre quand, à la tête du principal organisme du secteur, se trouve une personne elle-même mise en examen pour des faits qualifiés par la justice +d'agression sexuelle+?", interrogeait alors le syndicat.
L'ancien producteur de cinéma dirige le très puissant Centre depuis 2019, chargé d'accorder des subventions aux productions françaises, mais également d'organiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Des formations obligatoires à la prévention de ces violences ont notamment été mises en place pour les entreprises du secteur et sont même devenues une condition pour toucher des aides publiques.
L'actrice Judith Godrèche, qui milite pour la protection des enfants et contre les violences sexuelles, particulièrement dans le milieu du cinéma français, avait demandé devant le Sénat la mise en retrait des fonctions du patron du CNC.
Sollicité par l'AFP, le CNC a déclaré que "les faits allégués, qui relèvent de la sphère privée, sont sans aucun rapport" avec l'activité du Centre.
Son fonctionnement n'a "pas été affecté par le déroulement de la procédure judiciaire", assure encore l'institution.
(Y.Berger--BBZ)