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Le Parlement de Catalogne doit élire jeudi un socialiste à la présidence de l'exécutif de la région, un vote qui pourrait bien être occulté par le retour d'exil annoncé du leader indépendantiste Carles Puigdemont, drainant avec lui son lot d'incertitudes.
Après des mois de tractations depuis les élections de mai qui avaient vu les socialistes devancer le parti de Carles Puigdemont, mais sans obtenir la majorité absolue, la riche région du nord-est de l'Espagne devrait finalement voir Salvador Illa accéder à la tête de la Generalitat, le gouvernement régional.
Et il était temps: si aucun président n'était élu d'ici au 26 août, un nouveau scrutin devrait être convoqué en Catalogne.
Mais jeudi, tous les yeus devraient être tournés vers Carles Puigdemont: après sept ans d'exil, le leader indépendantiste, qui avait fui l'Espagne pour échapper aux poursuites après la tentative de sécession avortée de la région en 2017, a annoncé son retour.
Son parti, Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) a même convoqué une "manifestation d'accueil" pour l'ex-président de la Generalitat près du Parlement, à laquelle les séparatistes de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), membres de la coalition qui va soutenir Salvador Illa, ont annoncé qu'ils participeraient.
"Dans des conditions démocratiques normales, il serait inutile qu'un député comme moi annonce son intention d'assister à la séance, cela n'aurait aucune importance", a déclaré mercredi dans une vidéo publiée sur X Carles Puigdemont, assurant avoir "entamé son voyage de retour d'exil".
Toujours visé par un mandat d'arrêt malgré la loi d'amnistie négociée par Pedro Sanchez en échange du soutien de Junts à son gouvernement, Carles Puigdemont pourrait aller tout droit en prison dès qu'il posera le pied en Espagne.
- "Putschiste" -
Très critiquée par l'opposition, cette loi d'amnistie est au cœur de multiples débats juridiques et, le 1er juillet, la Cour suprême a décidé qu'elle ne s'appliquait qu'à certains des délits reprochés au dirigeant indépendantiste -- qui a encore dénoncé mercredi "l’attitude de rébellion de certains juges de la Cour suprême".
Les conséquences du retour de Carles Puigdemont --que le parti d'extrême droite Vox, le qualifiant de "putschiste", a promis d'attendre "à la porte du Parlement"-- restent encore floues, mais elles pourraient altérer le processus d'investiture de Salvador Illa, en particulier s'il était arrêté et placé en détention provisoire.
Le secrétaire général de Junts per Catalunya Jordi Turull a annoncé qu'il demanderait dans ce cas la suspension de la session d'investiture.
Loin de ces considérations, Salvador Illa, lui, s'est surtout attaché ces derniers jours à défendre l'accord qui devrait faire de lui le premier président de l'exécutif catalan à ne pas être issu des rangs d'un parti nationaliste depuis 2010.
Conclu avec ERC et un petit parti d'extrême gauche, cet accord suscite en effet déjà des critiques virulentes.
Pour arracher le soutien d'ERC, les socialistes ont en effet dû mettre dans la balance une promesse attendue de longue date par les indépendantistes: le contrôle total des impôts collectés dans la région, à l'image de ce qui se fait déjà au Pays Basque.
La mesure, qui doit encore être approuvée au Parlement à Madrid, est déjà dans le viseur de l'opposition, mais aussi de certaines figures du Parti socialiste, comme Alfonso Guerra, ancien bras droit de Felipe Gonzalez, qui a fustigé une "voie vers un système fédéral et vers l'indépendance de la Catalogne".
"Pour certains, c'est un coup d'Etat, encore un, je ne sais pas combien de coups d'Etat nous avons déjà faits, combien de fois nous avons détruit l'Espagne", a ironisé de son côté Pedro Sanchez. "Mais aujourd'hui, l'Espagne et la Catalogne sont plus fortes et plus unies", a-t-il vanté.
(K.Lüdke--BBZ)