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Les discours rassembleurs, la main tendue à l'opposition, c'est du passé: Joe Biden, qui veut essayer de sauver son précaire contrôle du Congrès lors d'élections cet automne, lâche désormais ses coups contre la droite "extrême" acquise aux idées de son prédécesseur Donald Trump.
Convoqués pour un discours sur l'économie, les journalistes s'attendaient à entendre le président démocrate dérouler son message habituel, volontairement optimiste, sur l'emploi florissant, la croissance forte et la lutte contre l'inflation.
Le démocrate a surpris en lançant une attaque, inhabituelle, contre les projets des républicains et plus particulièrement contre ce qu'il a appelé le "mouvement +MAGA+".
Au travers de cet acronyme, qu'il a martelé mercredi, Joe Biden vise évidemment l'ancien président Donald Trump et son slogan "Make America Great Again" (rendre à l'Amérique sa grandeur).
Le président avait commencé son mandat avec la volonté de tourner la page Trump, en prônant le rassemblement et en assumant d'être "ennuyeux" avec ses grands projets économiques et sociaux -- dont beaucoup ont été remisés faute de majorité parlementaire suffisante.
- Trump en épouvantail -
A quelques mois des élections législatives de mi-mandat, historiquement perdues par le parti du président, Joe Biden, très impopulaire, a complètement changé de cap.
Il n'est plus question de faire oublier Donald Trump, mais au contraire de l'agiter -- sans citer son nom directement -- comme un épouvantail afin de ranimer l'électorat démocrate et de dramatiser les enjeux de ce scrutin.
Joe Biden a critiqué mercredi un programme économique récemment dévoilé par le sénateur républicain Rick Scott. "C'est extrême, comme la plupart des choses liées au mouvement MAGA", a-t-il dit, reprochant à l'opposition de vouloir taxer durement la classe moyenne.
"Ce mouvement MAGA est vraiment l'organisation politique la plus extrême de l'histoire américaine, de l'histoire américaine récente", a ensuite lâché Joe Biden, interrogé sur le droit à l'avortement.
Selon un document interne révélé par Politico, la Cour suprême américaine s'apprête à dynamiter le droit constitutionnel à l'IVG existant depuis 1973, laissant le champ libre aux nombreux Etats conservateurs qui veulent interdire l'avortement.
Ce serait une victoire politique indéniable pour les partisans de Donald Trump, lequel a donné à la Cour suprême son actuelle dimension résolument conservatrice.
Joe Biden, bien que fervent catholique, a endossé sans hésitation l'habit de premier défenseur du droit à l'avortement, investissant un terrain qu'il n'avait jusqu'ici pas beaucoup fréquenté: celui des "culture wars".
Ces "guerres culturelles", ce sont les nombreux débats de société qui agitent l'Amérique depuis des décennies, mais qui se sont envenimés ces dernières années au point de diviser le pays en deux camps irréconciliables s'opposant sur le droit à l'avortement, le genre, la sexualité, l'éducation des enfants, la religion, les armes à feu, les questions raciales et la lecture à faire de l'histoire du pays -- en particulier quand il s'agit d'esclavage et de ségrégation.
- "Culture wars" -
Le président démocrate et son parti assurent que les républicains ne s'arrêteront pas à l'IVG. "Ils vont essayer de nous faire revenir en arrière, à une époque où les femmes, les personnes de couleur, les personnes LGBTQ étaient des citoyens de seconde zone", s'est emporté Chuck Schumer, chef de file du parti au Sénat.
"Que se passera-t-il si un Etat dit que les enfants LGBTQ+ ne peuvent plus aller dans les mêmes salles de classe que les autres enfants?", a demandé mercredi Joe Biden.
Le site conservateur The Federalist, éreintant ces propos du président, a reproché aux démocrates de propager des "prophéties dystopiques" infondées.
Reste à savoir dans quelle mesure Donald Trump va peser sur la campagne des républicains pour les élections de mi-mandat.
Une nouvelle venue mardi de l'Ohio -- Etat industriel du Midwest où Joe Biden se rend d'ailleurs vendredi -- est en tout cas venue confirmer son influence persistante sur le parti.
C'est son poulain, J. D. Vance, qui a remporté la primaire républicaine disputée dans cet Etat et qui affrontera le sénateur démocrate actuel de l'Ohio.
"Il faut absolument que je remercie le 45ème président des Etats-Unis", a lancé mardi le candidat, qui dans le passé avait violemment critiqué le milliardaire républicain, avant de lui faire allégeance.
"Beaucoup de journalistes (...) voulaient écrire un article disant que ce serait la mort du programme de Donald Trump pour l'Amérique d'abord! Mesdames et messieurs, (ce programme) n'est pas mort!", a-t-il assuré.
(A.Lehmann--BBZ)