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Sa cavale aura duré à peine 15 heures: le principal suspect de l'attaque samedi matin d'une synagogue à La Grande-Motte (Hérault) a été interpellé dans la soirée par les policiers d'élite du Raid, après une fusillade dans laquelle il a été blessé.
"L'auteur supposé de l'incendie criminel de la synagogue a été interpellé. Merci aux effectifs des forces de l’ordre, et principalement du RAID, qui sont intervenus avec beaucoup de professionnalisme malgré ses coups de feu," a écrit le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin sur le réseau social X, annonçant l'arrestation peu après minuit.
Une source proche du dossier et le parquet national antiterroriste (Pnat), saisi de l'affaire, ont précisé à l'AFP que l'interpellation avait eu lieu à Nîmes, dans le Gard, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la station balnéaire de la côte méditerranéenne où a eu lieu l'attaque.
L'intervention a eu lieu vers 23H35 et le suspect, qui a "ouvert le feu sur la colonne d'intervention", a été "blessé au visage", a détaillé le Pnat, sans préciser la gravité de ces blessures.
"Deux personnes de son entourage ont été placées en garde à vue" et l'enquête se poursuit pour établir les conditions de la préparation de ses actes et de sa fuite", a ajouté le Pnat.
Le suspect, qui a agi à visage découvert et dont les actes avaient été captés par des caméras de vidéosurveillance, avait attaqué peu après 08H00 samedi matin la synagogue de La Grande-Motte, commune proche de Montpellier, déclenchant plusieurs départs de feu mais sans faire de victimes.
Seul un policier municipal intervenant pour ces départs d'incendie avait été légèrement blessé par le souffle de l'explosion d'une bonbonne de gaz qui se trouvait déjà sur place.
L'assaillant portait un drapeau palestinien à la ceinture, dont dépassait ce qui semblait être la crosse d’une arme de poing, selon une image tirée de la vidéosurveillance et authentifiée par l'AFP. Il avait un keffieh rouge sur la tête et tenait dans chaque main une bouteille d'eau en plastique remplie d'un liquide jaunâtre.
Il avait réussi à prendre la fuite à pied et était activement recherché par quelque 200 policiers et gendarmes, avait indiqué le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, venu sur place en fin d'après-midi avec M. Darmanin.
M. Attal avait souligné que l'attaque, en plein shabbat, repos hebdomadaire dans la religion juive, aurait pu virer au "drame absolu" avec un "assaillant extrêmement déterminé" qui aurait pu faire de nombreuses victimes.
- Quelques minutes avant l'office -
Seules cinq personnes, dont le rabbin, étaient en effet présentes au moment de l'attaque dans la synagogue Beth Yaacov, à l'intérieur de laquelle l'attaquant n'a pas pénétré. Mais la prière y était prévue à 09H00, à peine plus de 30 minutes après l'attaque.
Et l'affluence est particulièrement nombreuse en été dans la synagogue. Forte de 8.500 habitants en hiver, la Grande-Motte en compte en effet près de dix fois plus en été et des visiteurs s'ajoutent alors à la soixantaine de familles de la communauté juive permanente de la ville.
L'attaque a choqué à travers le pays, dans un contexte de recrudescence des actes antisémites depuis l'attaque menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
"La lutte contre l'antisémitisme est un combat de chaque instant, celui de la Nation unie", avait rapidement réagi le président Emmanuel Macron.
"Tout est mis en oeuvre pour retrouver l'auteur de cet acte terroriste et protéger les lieux de culte", avait souligné le chef de l'Etat.
M. Attal avait lui aussi dénoncé un acte antisémite, ainsi qu'un "climat alimenté par certains" depuis le 7 octobre. "Beaucoup de confusions sont générées par certains, qui conduisent à alimenter une haine des juifs dans notre pays", avait-il ajouté, sans citer explicitement aucune personnalité ou aucun parti.
Les condamnations ont été unanimes dans la classe politique.
Le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement est accusé par ses adversaires politiques d'attiser l'antisémitisme, ce dont il se défend, a été l'un des premiers à réagir, dénonçant un "intolérable crime", mais sans initialement utiliser le mot "antisémite".
Les actes antisémites ont quasiment triplé depuis le début de l'année, avec "887 faits" recensés au premier semestre, avait indiqué le 9 août M. Darmanin, alors qu'on en comptait 304 au cours de la même période en 2023.
Ils avaient déjà fortement augmenté en 2023, notamment après le 7 octobre, selon le ministère de l'Intérieur, qui en a recensé 1.676 sur l'année, "soit quatre fois plus qu'en 2022".
(A.Lehmann--BBZ)