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La deuxième journée du procès de Dominique P., retraité jugé à Avignon pour avoir drogué son épouse et recruté des dizaines d'inconnus sur internet pour la violer pendant dix ans, s'est ouverte mardi avec la lecture éprouvante du long et très cru résumé des faits.
Moins de 20 minutes après le début de l'audience, la fille de la victime, Caroline Darian (son nom de plume pour le livre qu'elle a publié en 2022, "Et j'ai cessé de t'appeler papa", NDLR) a ainsi dû quitter la salle, prise de tremblements, au moment où le président de la cour criminelle de Vaucluse mentionnait un passage la concernant.
Président de cette cour criminelle composée de cinq magistrats professionnels, Roger Arata a entamé froidement sa lecture du résumé d'un dossier de 31 tomes, pour lequel 51 hommes seront jugés pendant quatre mois, sans aucun mot préalable pour Gisèle P. et ses trois enfants, dont de nombreux détails intimes vont être dévoilés tout au long de la journée.
"Compte tenu du nombre d'accusés, de la masse d'informations saisies et afin d'en avoir une information pour tous, la lecture à venir sera concise et concentrée sur les points saillants du dossier", a seulement précisé M. Arata.
Si, sans compter le mari, 72 hommes au total ont été recensés par les enquêteurs, à partir des photos et vidéos des faits prises par Dominique P. lui-même, seuls 50 donc ont été identifiés et arrêtés, risquant jusqu'à 20 ans de réclusion pour viols aggravés.
Comme le président de la cour criminelle de Vaucluse l'a rappelé, cette affaire a éclaté le 12 septembre 2020, lorsque Dominique P., 71 ans aujourd'hui, est appréhendé par un agent de sécurité dans un supermarché de Carpentras (Vaucluse), après avoir filmé des clientes sous leur jupe.
Interrogé, il explique avoir "agi sous des pulsions" qu'il n'a "pu contrôler".
C'est lorsque M. Arata a expliqué que des photomontages de Caroline, dénudée, ont également été retrouvés dans son ordinateur, dans un dossier intitulé "Autour de ma fille, à poil", que cette dernière s'est écroulée en sanglots, soutenue par ses deux frères et sa mère.
Puis, face à la litanie de détails, Mme Darian a quitté la salle en tremblant, escortée par ses deux frères et son avocat, Me Antoine Camus, avant de réapparaître quelque vingt minutes plus tard.
Gisèle P., en chemise blanche, un petit porte-monnaie à la main, est restée tout le long très calme, comme distante.
A l'autre bout de la salle, en face d'elle, son mari et agresseur en chef, est lui resté impassible à l'énoncé des faits, dans le box où comparaissent les 18 accusés détenus.
(H.Schneide--BBZ)