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Neuf députés pakistanais du parti de l'ex-Premier ministre emprisonné Imran Khan ont été placés mardi en détention préventive par un juge anti-terroriste, deux jours après une démonstration de force du mouvement à Islamabad.
Ils sont les premiers responsables convoqués en vertu d'une récente loi dénoncée par Amnesty International comme "criminalisant les rassemblements pacifiques" et comme un moyen de "réprimer l'opposition".
En tout, 34 cadres et membres du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de l'ex-international de cricket, dont les neuf députés, ont été placés en détention préventive pour huit jours, pour violation de la loi qui encadre désormais les manifestations à Islamabad.
Au moins un autre cadre du PTI a également été présenté au juge, après une plainte de la police pour "attaque contre des fonctionnaires", "émeutes armées" et "rassemblement illégal" dimanche.
Il s'agit de Mohammed Choaib Chahine, un avocat membre de la direction du PTI, qui a assuré dans la salle d'audience avoir été "interpellé dans (son) bureau vers 19H30" lundi et avoir été "retenu dans un commissariat jusqu'au matin".
"Ils n'ont mené aucune enquête, c'est du cinéma, ils ne savaient même pas quelles charges étaient retenues contre nous et m'ont seulement demandé le mot de passe de mon téléphone", a-t-il ajouté.
Il a ensuite été conduit en détention.
- "Emeutes" -
Dès lundi soir, le PTI avait tiré la sonnette d'alarme, assurant que plusieurs de ses cadres et députés avaient été "arrêtés", pour certains à la sortie de l'Assemblée nationale, mais ni la police ni la justice n'avaient commenté jusqu'à la présentation des six élus devant la justice mardi après-midi.
Le chef du PTI, Gohar Ali Khan, a reparu mardi en fin de journée aux abords du même tribunal.
Il a raconté avoir été emmené dans un commissariat lundi soir. "Et ce soir, on m'a informé qu'on n'avait pas besoin de moi dans cette affaire et que mon arrestation n'était pas demandée", a-t-il affirmé.
La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), une instance indépendante, a dénoncé "des arrestations arbitraires", pour certaines "en violation des règles parlementaires".
"Ces mesures autoritaires vont à l'encontre de l'engagement des autorités à la démocratie et à la construction d'un consensus politique", a ajouté la commission.
Dimanche, le PTI avait organisé son plus grand rassemblement depuis les législatives de février, entachées de lourds soupçons de fraudes.
Ce jour-là, les autorités avaient bloqué les principaux axes d'Islamabad avec des containers --rapidement déplacés par la foule-- mais avaient autorisé en amont la manifestation, en vertu de la nouvelle loi.
La manifestation, qui devait se disperser avant 19H00, avait duré au moins trois heures de plus, avaient constaté des journalistes de l'AFP.
Les autorités locales avaient prévenu que "des actions légales seraient prises" en rétorsion.
Une plainte de la police rendue publique mardi vise Mohammed Choaib Chahine, ainsi que deux hommes désormais également en détention: le député du PTI Zoubair Khan et Aamir Moughal, le responsable du PTI qui avait déposé la demande d'autorisation du rassemblement de dimanche.
La plainte, qui dit s'appuyer sur la loi anti-terroriste, les accuse notamment d'"attaque contre des fonctionnaires", d'"émeutes armées" et de "rassemblement illégal".
Dès lundi, le barreau d'Islamabad avait dit "condamner fermement" les arrestations de responsables du PTI, sans donner leur nombre ni le statut des personnes interpellées. Il avait réclamé leur libération "immédiate et sans condition".
- "Défendre Imran Khan" -
Le PTI voit depuis des mois les différents procès contre l'ex-chef de gouvernement comme une campagne pour l'empêcher de revenir aux affaires et voit, dans l'arrestation de plusieurs de ses cadres, une campagne pour faire taire la principale opposition du pays.
"Notre seul crime est d'avoir osé défier le statu quo et élevé la voix pour défendre Imran Khan. Nous continuerons à le faire", a ainsi écrit sur X Omar Ayub Khan, l'un des hauts responsables du parti.
Début août, pour le premier anniversaire de l'incarcération d'Imran Khan, 71 ans, une foule importante s'était rassemblée dans son bastion du nord-ouest frontalier de l'Afghanistan.
Le PTI dénonce le fait que ses candidats ont obtenu le plus de sièges aux législatives de février, mais qu'ils n'ont finalement pas formé le gouvernement né d'une coalition des autres partis, considérés comme proches de l'armée.
La première arrestation d'Imran Khan, en mai 2023 pour des accusations de corruption, avait suscité des manifestations nationales de partisans exprimant leur colère contre l'armée. En réponse, cette dernière a orchestré une vaste campagne de répression du PTI.
(A.Berg--BBZ)