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Deux cents détenus évadés ont été "recapturés" mardi par les forces de sécurité, au lendemain d'une évasion massive d'une prison du nord de l'Equateur à la faveur d'une émeute meurtrière apparentée à une "boucherie", selon les proches éplorés des victimes.
"Jusqu'à présent, 200 prisonniers ont été recapturés" par les forces de sécurité, grâce aux patrouilles et aux points de contrôle de la police et de l'armée, a déclaré à la presse le chef des opérations de la police, le général Geovany Ponce.
Selon le dernier bilan officiel, au moins 44 prisonniers sont morts lors d'affrontements entre deux bandes rivales lundi dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, environ 80 km à l'ouest de Quito.
Plus de 200 prisonniers se sont évadés à la faveur de ces violences, selon les déclarations de la police, qui n'a pas précisé leur nombre exact. Elle avait fait état lundi soir de 112 détenus "recapturés" et de 108 autres toujours dans la nature.
Mardi, désespérés et en pleurs, des dizaines de parents et proches des prisonniers patientaient toujours devant la prison de Bellavista dans l'attente de nouvelles des leurs, a constaté l'AFP.
Soldats et militaires étaient déployés dans et autour de l'établissement. L'AFP a également observé des hommes en uniforme rassemblant environ 80 détenus qui auraient été repris ces dernières heures.
"Ils ne nous donnent aucune information. Ils disent que des jeunes hommes se sont échappés pour sauver leur vie, que d'autres vont être transférés", a déclaré Leisi Zambrano, sans nouvelle de son frère.
- Appels désespérés -
"Il y a beaucoup de mères qui, à ce jour, n'ont pas reçu de nouvelles de leurs proches, qui ne savent même pas s'ils sont vivants", a ajouté cette femme au foyer de 48 ans.
Dès qu'elle a entendu parler des affrontements, Mme Zambrano explique avoir accouru aux premières heures du matin à la prison, avec d'autres membres de la famille. "Nous avons entendu les prisonniers appeler à l'aide, qu'on ne les laisse pas mourir", raconte-t-elle, en commentant : "C'est une boucherie à l'intérieur".
Des vidéos atroces circulent sur les réseaux sociaux, montrant un amas de corps ensanglantés, dénudés et mutilés, sur le sol couvert d'hémoglobine d'une salle commune. Ou encore des cadavres jonchant les couloirs de la prison, à côté de matelas que les assaillants ont vraisemblablement tenté d'incendier.
Selon le ministre de l'Intérieur, Patricio Carrillo, des membres du gang "Los Lobos" ("Les Loups") ont "attaqué" à l'arme blanche les membres de la faction rivale des "R7".
Pour tenter d'endiguer la violence, six leaders de ces gangs ont depuis été transférés par hélicoptère de Bellavista vers deux prisons de haute sécurité ailleurs dans le pays.
D'une capacité de 1.200 places, la prison de Bellavista accueille 1.700 prisonniers, et est à l'image de la surpopulation carcérale dans toutes les prisons d'Equateur.
"Ces incidents inquiétants soulignent une fois de plus la nécessité urgente d'une réforme complète du système de justice pénale", a commenté la porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a quant à elle condamné les violences et demandé une enquête "rapide, sérieuse et impartiale".
Les affrontements, souvent d'une extrême violence, sont récurrents dans les prisons équatoriennes, où près de 400 détenus ont trouvé la mort depuis février 2021, en incluant ces derniers affrontements.
Selon le gouvernement, des gangs rivaux de trafiquants de drogue, infiltrés ou contrôlés par des cartels mexicains, se livrent une guerre sans merci pour prendre le contrôle des prisons surpeuplées, guerre que les autorités ont été jusqu'à présent impuissantes à endiguer.
(O.Joost--BBZ)