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Trois sages-femmes ont été condamnées mercredi par un tribunal sénégalais à six mois de prison avec sursis pour "non assistance à personne en danger", après le décès dans un hôpital public d'une femme enceinte ayant vainement attendu une césarienne et dont le sort tragique a ému le pays.
Trois autres sages-femmes, également jugées par ce tribunal de grande instance de Louga (nord), ont été relaxées.
Le jugement a été prononcé mercredi matin par le président de l'audience, Ahmet Issa Sall, en présence des six prévenues et de nombreuses agentes de santé venues apporter leur soutien à leurs collègues poursuivies, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les trois femmes condamnées avec sursis étaient de garde la nuit où est survenu le décès de cette femme enceinte, Astou Sokhna, le 1er avril dernier, a indiqué un de leurs avocats, Me Abou Abdou Daff, joint par l'AFP.
Les trois autres étaient de garde pendant la journée, a déclaré Me Daff, sans plus de précision.
Selon la presse sénégalaise, Astou Sokhna, la trentaine, mariée et enceinte de neuf mois, est décédée à l'hôpital de Louga après avoir attendu dans de très grandes souffrances pendant une vingtaine d'heures la césarienne qu'elle réclamait.
Le personnel aurait refusé sa demande, arguant que son opération n'était pas prévue, et aurait menacé de la chasser si elle insistait.
Le parquet avait requis un an de prison dont un mois ferme contre quatre des six prévenues et la relaxe pour les deux autres, lors du procès le 27 avril.
"Nous ne connaissons pas la motivation du tribunal (pour condamner les trois sages-femmes). Nous allons apprécier pour faire éventuellement un recours", a ajouté Me Daff.
"Les prévenues ont nié et continuent de nier les faits (qui leur sont reprochés). Une équipe médicale a une obligation de moyens, pas de résultats", a estimé l'avocat.
Quatre des six sages-femmes avaient été écrouées le 19 avril à Louga et les deux autres laissées en liberté provisoire.
Ce drame a suscité sur les réseaux sociaux une vague d'indignation contre les carences du système de santé publique et a provoqué des réactions au plus haut niveau de l'Etat sénégalais.
Le président Macky Sall avait publié un message de condoléances et donné pour instruction de déterminer les responsabilités.
Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a reconnu le 14 avril que la mort de cette jeune femme aurait pu être évitée avec plus de vigilance.
Le directeur de l'hôpital a été révoqué et remplacé depuis.
(Y.Berger--BBZ)