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Les bureaux de vote ont fermé dimanche au Brésil, où près de 156 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir leurs maires et leurs conseillers municipales, lors d'un scrutin à l'issue incertaine à Sao Paulo, où un outsider populiste s'est hissé parmi les favoris.
Ces élections dans environ 5.500 communes représente un test majeur pour les principales forces politiques du pays, deux ans après la présidentielle ultra-polarisée de 2022, remportée de justesse par Luiz Inacio Lula da Silva (gauche) face à son prédécesseur d'extrême-droite Jair Bolsonaro (2019-2022).
Elle ont lieu alors que le Brésil est ravagé par de terribles incendies de forêt. Paradoxalement, le thème de l'environnement a été largement relégué aux oubliettes dans les discours des principaux prétendants.
"Ils auraient dû en parler davantage, ils ont banalisé les incendies. Parfois, on regardait le ciel, et même s'il faisait beau, on ne voyait pas le ciel tellement il y avait de la fumée", déplore Jailma Rodrigues da Silva, électrice à Rio de Janeiro.
À Sao Paulo, la plus grande ville d'Amérique latine, le duel attendu entre le maire sortant Ricardo Nunes, allié de M. Bolsonaro, et Guilherme Boulos, soutenu par Lula, s'est transformé en une lutte à trois pour deux places au second tour, le 27 octobre, avec l'irruption de l'outsider Pablo Marçal.
Selon le dernier sondage publié samedi par l'institut de référence Datafolha, M. Boulos arrive en tête des intentions de vote du premier tour, avec 29%, et M. Nunes et M. Marçal sont à égalité, à 26%.
- "Pas une élection normale" -
Influenceur ultra-conservateur suivi par 5,6 millions d'abonnés sur Instagram, ancien coach en développement personnel, Pablo Marçal, 37 ans, a défrayé la chronique durant la campagne, avec son style provocateur et ses dérapages plus ou moins contrôlés.
Durant un débat télévisé, il a été attaqué à coups de chaise par un rival excédé, l'une des images les plus marquantes de la campagne.
Dimanche, M. Marçal a voté à quelques minutes de la fermeture des bureaux, pieds nus et en bermuda.
"C'est le meilleur candidat, il représente le changement. Les autres sont là depuis longtemps et n'ont jamais rien fait", dit à l'AFP Nilce Alves, 59 ans, électrice enthousiaste de l'influenceur.
Luis Felipe Pereira de Carvalho, habitant de Sao Paulo de 28 ans qui travaille dans la finance, a voté pour le maire sortant Ricardo Nunes, "le moins pire, qui suit une ligne économique qui me convient".
"La campagne a été très agressive, pleine de coups bas, alors que les politiciens devraient donner l'exemple à la population", poursuit-il.
Pablo Marçal a été accusé à plusieurs reprises de désinformation. Samedi, un juge a ordonné la suspension pour 48 heures de son profil Instagram après la publication d'un supposé rapport médical attestant que son rival Guilherme Boulos aurait consommé de la cocaïne.
Une expertise policière consultée par l'AFP a estimé qu'il s'agissait d'un faux document.
"On ne peut pas permettre que le peuple vote en étant désinformé", a lancé le président Lula à Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo, où il a voté dans la matinée.
"Ce n'est pas une élection normale. Nous avons vu des mensonges, de la haine. Sao Paulo ne mérite pas ça", a déclaré pour sa part M. Boulos, après avoir voté dans une école.
- Objectif 2026 -
"Boulos est un vrai pari personnel de Lula (...) S'il est élu maire de la plus grande ville du pays, ce sera une grande victoire pour le président", dit à l'AFP Mayra Goulart, politologue de l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
Arborant un t-shirt jaune et vert, aux couleurs du Brésil, Jair Bolsonaro a voté à Rio, où il soutient Alexandre Ramagem, qui tentera d'éviter une élection dès le premier tour du centriste Eduardo Paes, maire sortant allié de Lula.
Ancien chef des renseignements sous le mandat de l'ex-président d'extrême-droite, M. Ramagem est au cœur d'un scandale d'espionnage illégal présumé de responsables politiques et d'autres personnalités publiques.
"Ces élections municipales sont importantes dans l'optique de la présidentielle de 2026, car il est important de disposer de soutiens parmi les élus locaux, qui sont en contact direct avec les électeurs", estime Mayra Goulart.
Mais cette présidentielle de 2026 est encore lointaine et pleine d'incertitudes. Lula laisse planer le doute sur une éventuelle tentative de réélection et Jair Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 pour des attaques sans preuve contre le système électoral, même s'il espère encore faire annuler cette condamnation.
(K.Lüdke--BBZ)