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L'islamologue suisse Tariq Ramadan sera bientôt jugé à Genève, où une femme l'accuse de l'avoir violée en 2008, a-t-on appris de sources concordantes vendredi, confirmant des informations de la chaîne publique RTS.
"Le ministère public considère que l'instruction est achevée" et "les parties sont informées qu'un acte d'accusation sera prochainement rédigé", a indiqué dans un avis de clôture d'information signé le 18 mai le procureur Adrian Holloway, selon une source proche du dossier à l'AFP.
Si les parties ont encore jusqu'au 10 juin pour éventuellement demander d'autres investigations, comme l'audition de nouveaux témoins, elle ne peuvent plus faire de recours avant le procès.
La plaignante, surnommée "Brigitte" dans les médias suisses, accuse l'islamologue de l'avoir entraînée dans une chambre d'hôtel à Genève le soir du 28 octobre 2008, où il l'aurait soumise à des actes sexuels brutaux, accompagnés de coups et d'insultes.
Convertie à l'islam, elle avait fait sa connaissance quelques mois auparavant lors d'une séance de dédicace, puis lors d'une conférence en septembre. S'en était suivie une correspondance de plus en plus intime sur MSN et Facebook. Le soir des faits, elle avait rendez-vous avec le célèbre prédicateur pour prendre le thé.
M. Ramadan, 59 ans aujourd'hui, qui a déposé plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre "Brigitte", a reconnu l'avoir rencontrée mais affirme avoir renoncé à la relation sexuelle.
"Contrairement à la France, la décision de mise en accusation se fonde en droit sur de simples soupçons. Le moindre doute sur l'innocence d'une personne peut justifier son renvoi devant une juridiction de jugement. C'est ce qui s'est passé ici, dans un contexte post #MeToo, alors que les déclarations de la plaignante sont truffées de mensonges établis et d'incohérences flagrantes", ont réagi auprès de l'AFP Me Guerric Canonica l'un de ses avocats suisses et Me Philippe Ohayon, l'un des avocats français désigné également dans le dossier suisse.
"Les textos sont têtus et, dans cette affaire, ceux adressés par la plaignante innocentent Tariq Ramadan", ont-ils assuré.
- Plaignante "soulagée" -
Le conseil de la plaignante, Me François Zimeray, explique pour sa part qu'elle "est soulagée de voir que ses efforts n'ont pas été vains, elle a le sentiment d'avoir dû affronter la haine et les menaces d'une multitude pour être enfin entendue".
"C'est pour elle un soulagement sans joie, car elle a suffisamment vécu pour savoir la différence entre la justice et la vengeance, elle est dans une logique de responsabilité et non de déni, elle attend une explication bien plus qu'une sanction", a-t-il ajouté.
M. Ramadan et la plaignante, 56 ans aujourd'hui, ont été confrontés à plusieurs reprises en France, mais aussi en Suisse en novembre 2020.
En France, où l'islamologue est mis en examen pour 5 viols, deux juges d'instruction ont également signifié aux parties la fin des investigations sur ces accusations, avait révélé l'AFP en avril.
Les avocats peuvent formuler des demandes d'actes avant les réquisitions du parquet de Paris et la décision finale des juges d'instruction sur un éventuel procès.
M. Ramadan a été incarcéré dix mois en 2018 dans ce dossier.
(O.Joost--BBZ)