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Les chaînes de supermarchés américaines Albertsons et Kroger s'accusaient de tous les maux mercredi après la rupture de leurs fiançailles par le premier qui, en sus, poursuit son ex-partenaire en justice, au lendemain de décisions de justice défavorables à l'opération.
"Étant données les récentes décisions de tribunaux fédéral et d’État de bloquer notre projet de fusion avec Kroger, nous avons pris la difficile décision de mettre un terme à l'accord de fusion", a indiqué Vivek Sankaran, patron d'Albertsons, cité dans un communiqué.
"Nous sommes extrêmement déçus par ces décisions de justice", a-t-il poursuivi.
Dans un communiqué distinct, le groupe a fait part du lancement de poursuites dans le Delaware (Est) contre Kroger, l'accusant d'avoir "refusé de proposer un paquet adéquat de cessions et d'avoir ignoré à maintes reprises les inquiétudes des régulateurs" en matière de concurrence.
Une juge fédérale de l'Oregon a accordé mardi une injonction bloquant temporairement la fusion annoncée en octobre 2022 pour un montant de 24,6 milliards de dollars.
Quelques heures plus tard, un tribunal de l’État de Washington a également émis une injonction qui, selon des sources médiatiques, a bloqué l'opération de manière permanente.
Dans un communiqué, Kroger a qualifié les accusations d'Albertsons de "sans fondement et sans mérite", les réfutant "dans les termes les plus forts". Et de reprocher à son ancienne promise des "défaillances matérielles intentionnelles et répétées" ainsi que des "interférences tout au long du processus de fusion".
Selon lui, il s'agit "clairement d'une tentative pour détourner les responsabilités (...) et pour obtenir le paiement d'indemnités de rupture de la fusion, auxquelles (Albertsons) n'a pas droit".
- Compensations -
L'accord de fusion prévoit en effet, qu'en cas d'abandon, Kroger devrait verser 600 millions de dollars de dédommagement à sa proie perdue.
Mais Albertsons réclame, en plus, "plusieurs milliards de dollars" de compensation au titre de la prime que Kroger devait octroyer aux actionnaires en rachetant leurs titres pour près de 33% de plus que le cours de référence en 2022.
Le groupe de Boise (Idaho) veut aussi récupérer les centaines de millions de dollars dépensés pendant le processus d'approbation et d'autres coûts.
"Kroger a hâte de répondre à ces réclamations infondées", a répliqué le géant de Cincinnati (Ohio).
La Maison-Blanche avait salué dès mardi soir les décisions judiciaires.
Cette fusion "aurait été la plus grande de l'histoire des fusions de supermarchés, augmentant les prix des produits alimentaires pour les consommateurs et baissant les rémunérations des salariés", avait commenté Jon Donenberg, directeur adjoint du Conseil économique national, cité dans un communiqué.
Mais, avait défendu une porte-parole de Kroger, cette fusion "ferait progresser davantage l'engagement (de Kroger) depuis plusieurs décennies pour des prix bas".
Le distributeur avait alors indiqué examiner "toutes ses options".
L'autorité américaine de la concurrence (FTC) a saisi la justice en février contre cette fusion, arguant qu'elle nuirait aux consommateurs et aux employés.
"La FTC considère que l'opération envisagée éliminera une concurrence vive entre Kroger et Albertsons, entraînant des prix plus élevés pour les produits d'épicerie et autres produits essentiels pour les foyers de millions d'Américains", avait-elle alors fait valoir.
Sollicitée mercredi par l'AFP, la FTC n'a pas réagi dans l'immédiat.
Albertsons a également annoncé mercredi une hausse de 25% de son dividende trimestriel, ainsi qu'un programme de rachat d'actions de 2 milliards de dollars.
Il s'attend aussi, entre autres données proforma pour 2024, à un bénéfice net par action compris entre 2,20 et 2,30 dollars et à une hausse de 1,8% à 2,2% de son chiffre d'affaires.
Par ailleurs, la société d'investissements Cerberus — son plus gros actionnaire — l'a assuré de sa "confiance en Alberstons en tant qu'entreprise indépendante".
Kroger, présent dans 35 États américains, a réalisé en 2023 un chiffre d'affaires de 150 milliards de dollars et un bénéfice net de 2,24 milliards.
Début septembre, Albertsons comptait près de 2.300 supermarchés dans 34 États. En 2023, son chiffre d'affaires a atteint 79,24 milliards de dollars et son bénéfice net 1,3 milliard.
Vers 16H50 GMT, l'action Albertsons cédait 0,84% et celle de Kroger progressait de 1,28% à la Bourse de New York.
(P.Werner--BBZ)