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Le dernier clou dans le cercueil des controversés "taxis volants" électriques à Paris ? Le Conseil d'Etat a donné un coup d'arrêt mercredi à l'expérimentation de ces engins, déjà frappés par une série de revers ces derniers mois.
Alors que la plus haute juridiction administrative, saisie en référé, avait donné le 24 juillet dernier un feu vert provisoire à l'exploitation d'une plateforme de décollage et d'atterrissage de ces aéronefs, dite "vertiport", installée au niveau d'Austerlitz (est), elle a fini par donner raison sur le fond aux requérants, dont la Ville de Paris.
Ceux-ci estimaient que le gouvernement aurait dû préalablement consulter l'Autorité de contrôle des nuisances aériennes (Acnusa), comme le prévoit la loi.
Parmi les requérants figuraient outre la municipalité, plusieurs associations de lutte contre les nuisances aériennes dont l'Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA). Les défenseurs du projet étaient le gouvernement et le Groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens, ce dernier portant ce projet avec le constructeur aéronautique allemand Volocopter.
Le Conseil d'Etat a en outre condamné l'Etat à verser "une somme globale de 3.000 euros à l'UFCNA et autres et une somme globale de 3.000 euros à la Ville de Paris et autre" au titre des frais de justice.
Cette décision intervient après une série de revers pour ce projet dont les promoteurs voulaient initialement profiter de la vitrine des Jeux olympiques et paralympiques l'été dernier afin de mettre en vedette un moyen de transport innovant et décarboné. Mais ils avaient dû y renoncer début août en raison de défauts sur les moteurs.
En novembre, le conseil régional d'Ile-de-France avait annulé une subvention d'un million d'euros accordée un an plus tôt à ADP, invoquant les retards du projet, techniques et réglementaires.
- Evacuations sanitaires -
L'arrêté signé le 4 juillet par le ministre délégué chargé des Transports de l'époque, Patrice Vergriete, limitait l'expérimentation d'Austerlitz au 31 décembre.
Sollicité par l'AFP, le cabinet de son successeur démissionnaire, François Durovray, n'a pas souhaité faire de commentaire mercredi. Le Groupe ADP, pour sa part, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Le projet, évoqué depuis fin 2020, avait déjà vu ses ambitions révisées à la baisse avant l'été, Volocopter n'ayant pas obtenu à temps une certification de l'agence européenne de sécurité aérienne (AESA) pour accueillir des passagers payants.
Dans sa version actuelle, l'aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit.
Le ministère des Transports et ADP ont préféré insister ces derniers mois sur l'utilité de ces engins - dans de futures versions plus grandes - pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d'organes, plutôt que de parler de "taxis volants" associés à un mode de déplacement pour les plus riches.
Alors que ce projet a rencontré l'hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l'opposition, ADP l'a défendu au nom de l'innovation face à une concurrence étrangère qui s'exacerbe.
De fait, les Etats-Unis ont créé fin octobre les bases réglementaires de l'exploitation commerciale de tels engins.
Volocopter et le groupe aéroportuaire, dont l'Etat est actionnaire à 50,6%, voulaient démontrer la faisabilité d'un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils à décollage et atterrissage vertical (VTOL en anglais) entre plusieurs "vertiports", dont certains situés à proximité d'aéroports ou d'héliports franciliens.
L'un d'eux, à Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines) près de Versailles, a été inauguré début août.
Lors de l'annonce de l'annulation de sa subvention au projet, le cabinet de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, avait assuré que cela ne remettait pas en cause le soutien de la collectivité à l'innovation en général et aux VTOL en particulier.
(A.Berg--BBZ)