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Le gouvernement britannique va présenter lundi au Parlement son projet de loi modifiant certains éléments du protocole nord-irlandais, conclu avec l'Union européenne dans le cadre du Brexit et au coeur de vives tensions dans la province britannique.
Même si le gouvernement assure que le texte de loi proposé est "légal", le parti d'opposition travailliste et le parti républicain irlandais Sinn Fein l'ont accusé de "violer le droit international".
L'UE a en outre clairement averti qu'une telle mesure unilatérale signifie revenir sur un traité international et justifierait des représailles commerciales.
Le protocole a été signé pour protéger le marché unique européen après le Brexit sans provoquer le retour d'une frontière dure entre l'Irlande du Nord britannique et la République d'Irlande européenne, et ainsi préserver la paix conclue en 1998 avec l'accord du Vendredi saint, après trois décennies de troubles sanglants entre unionistes et républicains.
Dans ce but, il a instauré une frontière douanière en mer d'Irlande. Mais selon les unionistes, cela menace la place de la province au sein du Royaume-Uni à laquelle ils sont viscéralement attachés.
Le parti unioniste DUP refuse de participer à un nouveau gouvernement à Belfast –-dirigé pour la première fois par les républicains du Sinn Fein après leur victoire aux élections locales du 5 mai-- si ce protocole n'est pas modifié.
Le gouvernement britannique, qui soutient les unionistes, a annoncé mi-mai sa volonté de légiférer pour le modifier.
Il souhaite introduire un nouveau système afin que les marchandises circulant et restant au sein du Royaume-Uni passent par un "nouveau canal vert", les libérant de démarches administratives. Les marchandises destinées à l'UE resteront, elles, soumises à l'ensemble des vérifications et contrôles appliqués en vertu du droit de l'UE.
- "Légal" et "juste" -
Assurant que "le protocole fonctionne", la présidente du Sinn Fein, Mary Lou McDonald a accusé dimanche le gouvernement britannique de s'apprêter à "violer le droit international" pour le modifier, estimant que le Premier ministre Boris Johnson tente ainsi de restaurer son autorité affaiblie.
Les propositions du gouvernement sont "conçues pour stimuler l'ego, les ambitions de leadership de Boris Johnson ou de l'un de ses successeurs potentiels", a-t-elle estimé, alors que M. Johnson tente de se relancer après avoir récemment réchappé d'un vote de défiance de son propre Parti conservateur.
Le principal parti d'opposition britannique, le Labour, a lui aussi accusé le gouvernement de vouloir enfreindre la loi.
Le gouvernement "semble développer un record en termes d'infractions à la loi", a fustigé dimanche la députée travailliste Rachel Reeves en référence au scandale du "partygate", ces fêtes organisées à Downing Street en plein confinement qui ont valu une amende à Boris Johnson -- une première pour un chef de gouvernement en exercice.
Le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a assuré au contraire que le projet du gouvernement était "légal" et "juste". Il a expliqué qu'il avait pour but de "réparer" les problèmes engendrés par la mise en oeuvre du protocole afin de simplifier les échanges commerciaux entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord et d'apaiser les unionistes.
Le plus proche voisin de la province britannique, la république d'Irlande, membre de l'UE, a mis en garde à plusieurs reprises contre une modification unilatérale du protocole.
"Publier ce projet de loi causera beaucoup plus de problèmes que ça n'en résoudra, non seulement entre la Grande-Bretagne et l'Irlande, mais entre le Royaume-Uni et l'UE en général", a averti jeudi le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney.
Il a souligné que depuis que Londres avait annoncé ses intentions, la position de l'UE s'était "durcie".
Brandon Lewis a lui accusé l'UE d'avoir manqué de souplesse dans les négociations avec le Royaume-Uni.
"Je pense qu'ils ont manqué de sincérité en suggérant qu'ils sont flexibles", a déclaré le ministre dimanche sur la BBC, "en fait ils n'ont pas fait preuve de la flexibilité nécessaire pour résoudre ces problèmes pour les habitants d'Irlande du Nord".
(T.Renner--BBZ)