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Nouveau coup de tonnerre dans l'industrie du porno amateur: le propriétaire du site "Jacquie et Michel", Michel Piron, et quatre autres personnes ont été placés en garde à vue mardi dans l'enquête ouverte en juillet 2020 à Paris pour viols et proxénétisme.
Nicolas Cellupica, l'avocat du groupe Arès, présidé par M. Piron et détenteur du site pornographique, a annoncé mardi matin à l'AFP le placement en garde à vue de son client âgé de 64 ans ainsi que de sa femme, Araceli, âgée de 60 ans.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP l'interpellation et le placement en garde à vue de cinq personnes.
Michel Piron est retenu notamment pour agressions sexuelles ainsi que pour complicité de plusieurs infractions parmi lesquelles viols aggravés, proxénétisme aggravé et traite des êtres humains, selon le parquet de Paris.
Trois hommes, présentés comme des "acteurs" par une source proche du dossier, sont notamment en garde à vue pour viols aggravés ou en réunion, traite des êtres humains ou encore proxénétisme, selon le parquet.
Le parquet avait lancé en juillet 2020 cette enquête, confiée à la police judiciaire parisienne, après un signalement adressé par Osez le féminisme, les Effronté-es et le mouvement du Nid.
Ces trois associations relayaient les témoignages de plusieurs actrices qui assuraient avoir été contraintes à des "pratiques sexuelles +hors normes et douloureuses+" alors qu'elles n'étaient pas consentantes.
Depuis l'ouverture de l'enquête, "Michel Piron a toujours sollicité à être entendu par les enquêteurs et à répondre ouvertement à leurs questions", a indiqué Me Cellupica.
"Il s'est toujours dit du côté des victimes si des actrices ont subi des actes de violences sexuelles qu’il ignorait parfaitement", a ajouté l'avocat, soulignant que "le groupe +Jacquie et Michel+ n'a jamais produit ou réalisé de film et n'est que diffuseur de films réalisés par des producteurs indépendants".
- "Ignorance" -
"Enfin, la pornographie n'a jamais été assimilée à de la prostitution: une actrice porno n’est pas une prostituée et un réalisateur ou diffuseur n'est pas un proxénète", a insisté l'avocat, qui anticipe l'ouverture d'une information judiciaire dans ce dossier à la fin de la semaine.
"C'est un grand jour pour toutes les femmes victimes. La fin de l'impunité pour l'industrie criminelle pornographique", s'est félicitée de son côté Lorraine Questiaux, avocate des trois associations à l'origine du signalement.
"Il reste encore beaucoup à faire mais c'est une nouvelle étape importante qui place la dignité humaine et la lutte contre l'exploitation sexuelle au cœur des priorités en matière de politique pénale", a ajouté Me Questiaux, qui défend aussi quatre femmes victimes.
Selon le parquet, "la procédure compte sept plaignantes" à ce jour.
Mi-décembre, Le Monde avait longuement raconté les pratiques de rabattage menées pour convaincre des jeunes femmes précaires ou fragiles de tourner des vidéos. Les réalisateurs leur imposaient au dernier moment de multiples partenaires et des pratiques violentes non consenties.
Dans un livre-enquête intitulé "Judy, Lola, Sofia et moi" (Ed. Goutte d'Or), le journaliste Robin d'Angelo racontait en 2018 son infiltration dans l'industrie du porno amateur et dénonçait l'absence récurrente de consentement et le non-respect du droit du travail.
Le groupe, fondé en 1999 et qui annonçait 15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016, selon le journaliste, a fondé son succès sur l'achat à petits prix de vidéos amateur en France, avant de professionnaliser peu à peu sa production pour en venir à concurrencer désormais Dorcel parmi les leaders de l'industrie pornographique.
Une autre enquête menée à Paris depuis 2020 a fortement bousculé le monde du porno amateur français en visant les pratiques de la plateforme "French Bukkake".
Au moins douze personnes, dont les producteurs surnommés "Pascal OP" et "Mat Hadix", sont poursuivies dans ce dossier exceptionnel par son ampleur et ouvert pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé.
Depuis, les enquêteurs ont identifié des victimes par dizaines.
Le nom du président du groupe Ares apparaît à plusieurs reprises: "Jacquie et Michel et plus précisément Michel Piron gère la production de ses scènes pornographiques", relevait ainsi en janvier une gendarme de la section de recherche de Paris dans une synthèse consultée par l'AFP relative à des échanges entre deux producteurs X.
Après toutes ces révélations, de grands groupes français du secteur, dont Dorcel et "Jacquie et Michel", avaient annoncé en novembre 2020 leur volonté d'adopter des chartes éthiques et déontologiques.
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(B.Hartmann--BBZ)