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Titulaire quasi indiscutable avec l'équipe de France de rugby, Mohamed Haouas, 27 ans, a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis pour son implication dans des cambriolages il y a huit ans. Un passé difficile qu'il a donc enfin soldé.
Initialement prévu en janvier 2021 et plusieurs fois reporté, ce procès devant le tribunal correctionnel de Montpellier a privé le joueur du Montpellier Hérault Rugby, actuel 2e du Top 14, du match d'ouverture du Tournoi des six nations avec les Bleus dimanche contre l'Italie.
"C'est un parcours exemplaire pour les jeunes, et je le prends en compte. Il veut apurer sa dette, refermer ce chapitre", avait reconnu la procureure, en demandant "18 mois de prison avec un sursis et 15.000 euros d'amende" contre le pilier de l'équipe de France. Un réquisitoire suivi à la lettre par le tribunal.
Le co-prévenu de Mohamed Haouas, qui comparaissait détenu, a lui été condamné à 18 mois de prison ferme. Un troisième homme, mineur à l'époque, a été renvoyé devant un juge des enfants.
Veste bleu marine à capuche, pantalon et masque chirurgical noir, Mohamed Haouas, colosse de 1,85 m pour 125 kg, était arrivé en compagnie de son épouse et du manager du club héraultais, l'ancien sélectionneur des Bleus Philippe Saint-André.
Interpellé en juin 2014, détenu quatre jours en maison d'arrêt dans le cadre de l'enquête sur une série de cambriolages de bureaux de tabac à Montpellier entre février et avril de cette année-là, l'international devait répondre de "vols en réunion avec effraction" et du "recel" d'une voiture volée.
Son ADN avait été retrouvé sur l'élastique d'une lampe frontale abandonnée par les cambrioleurs. Le butin était constitué essentiellement de cartons de cigarettes, de billets de loterie à gratter et de timbres fiscaux, pour une valeur de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Lors de l'enquête, il avait cependant toujours nié les faits, reconnaissant seulement avoir participé au transport de certains cartons de cigarettes.
"+Momo+, dis-leur de se dépêcher, on a entraînement à 14h00", a lancé Saint-André avant l'ouverture de l'audience, pour tenter de dérider son joueur. Visiblement tendu, le pilier des Bleus s'est peu à peu relaxé, écoutant attentivement les débats, au premier rang.
- "Il fallait que je me défende" -
À la barre, il a préféré garder le silence sur les faits, pour "laisser parler son avocat". Mais il a répondu sans problème aux questions de personnalité, expliquant être marié, avoir deux enfants, un fils de quatre ans et une fille de quatre mois, et gagner 15.000 euros par mois comme rugbyman professionnel.
Concédant "des erreurs de jeunesse", il est revenu sur son enfance dans le quartier sensible du Petit Bard à Montpellier, gangréné par la pauvreté, le chômage et les trafics de drogues, où il était arrivé avec ses parents, en provenance du Nord: "A l'époque c'était dangereux, soit tu restes, soit tu t'échappes. (...) On me frappait pour me voler mon vélo, on se battait. Ils m'ont testé, je n'avais ni grand-frère, ni père, il fallait que je me défende".
"On a mangé à Coluche (NDLR: les Restaus du coeur), on a habité dans des foyers, des hôtels, c'était un peu compliqué", a-t-il rappelé.
Une certitude: il est "fier" de l'homme qu'il est devenu. "J'ai galéré dans la vie, je me suis démerdé, je suis fier d'avoir construit une famille, une maison", a-t-il insisté, questionné par son avocat, Me Marc Gallix.
Et côté rugby, c'est "une fierté" de porter le maillot bleu, pour lui, le gamin franco-algérien.
"Je suis la mascotte dans le vestiaire, je fais rire tout le monde, je suis toujours de bonne humeur, même quand ça ne va pas, je ne le montre pas", explique celui que ses partenaires ont surnommé "Kubiac", ce géant glouton d'une série TV des années 1990.
Venu sur le tard au rugby, à 15 ans, l'ancien adepte de taekwondo essaie aujourd'hui d'attirer d'autres jeunes vers son sport: "S'il leur faut des habits, des crampons, je les paie, j'aurais aimé connaître ça".
(H.Schneide--BBZ)