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Le roi Charles III a participé à une cérémonie militaire à l'Arc de Triomphe et redescendu l'avenue des Champs-Elysées mercredi, au premier jour d'une visite d'Etat, empreinte de solennité et de faste, pour célébrer la relance de l'amitié franco-britannique après les turbulences du Brexit.
L'avion royal, aux couleurs de l'Union Jack, a atterri vers 14H00 à l'aéroport d'Orly où Charles III, 74 ans, et Camilla, 76 ans, toute habillée de rose, ont été accueillis par la Première ministre Elisabeth Borne.
Sous un soleil éclatant, les deux chefs d'Etat ont passé en revu les troupes, puis ravivé la flamme devant la tombe du Soldat inconnu.
Quelques milliers de passants étaient présents sur l'avenue, en partie bloquée pour l'occasion par un important dispositif de sécurité.
"C'est quand même un roi, la famille royale. Cela représente quelque chose, cette espèce de grandeur", relève à l'AFP Marie-Laure, professeur de français et de latin.
"C’est important pour moi que mon enfant soit témoin de cette entente. Je suis fière de voir mes deux chefs d’État ensemble", confie une mère de famille franco-anglaise, venue avec son fils de neuf ans.
Le roi et le président français ont écouté les deux hymnes, "God save the king" et "La Marseillaise", interprétés par la Garde républicaine, pendant que la Patrouille de France et les Red Arrows, la patrouille acrobatique de la Royal Air Force, ont survolé de conserve les Champs-Elysées, sous les couleurs bleue, blanc, rouge, communes aux deux pays.
Ils ont ensuite redescendu l'avenue la "plus célèbre du monde" à bord d'une Citröen DS7 escortée par 136 chevaux de la Garde républicaine pour rejoindre le palais de l'Elysée où ils auront un entretien en tête-à-tête.
"Vous étiez venu en tant que prince, vous revenez en tant que roi. Bienvenue votre majesté!", a lancé sur X (ex-Twitter) Emmanuel Macron, dans un message accompagné d'une vidéo des précédentes visites du prince héritier, un francophile déjà venu une trentaine de fois.
Charles et Camilla ont vanté de leur côté "le lien spécial qui unit nos deux pays et tout ce que votre merveilleux pays a à offrir".
En mars, ce déplacement officiel, qui devait être le premier à l'étranger de Charles en tant que roi, avait dû être annulé à la dernière minute, au grand dam du président français, sur fond de violentes manifestations contre la réforme des retraites.
Six mois plus tard, le calme est revenu et l'heure est de nouveau à "l'Entente cordiale", ou concorde franco-britannique, dont les 120 ans seront célébrés en avril prochain.
Lors d'un sommet en mars, le président français et le Premier ministre Rishi Sunak avaient permis une "reconnexion" entre les deux capitales après plusieurs années houleuses quand Boris Johnson résidait à Downing Street sur le Brexit, la pêche ou les migrants.
Soucieux de ne rien laisser au hasard, Emmanuel Macron a aussi reçu mardi le chef de file de l'opposition britannique, Keir Starmer, favori dans les sondages pour les élections prévues d'ici début 2025.
- Grand jeu -
L'un des temps forts de la visite sera le dîner d'Etat à Versailles mercredi soir, un clin d'oeil à la mère du roi, Elizabeth II, qui fut invitée à déjeuner dans le même décor somptueux en 1957 et revint à Versailles en 1972.
Le roi était sensible à l'idée de "marcher dans les pas de sa mère", souligne l'Elysée.
A Versailles, la République va mettre les petits plats dans les grands: homard bleu, volaille de Bresse et macaron à la rose, préparés par des chefs étoilés, seront servis à la table du roi, dans une porcelaine de Sèvres.
- Jagger et Grant -
Parmi les invités, les acteurs Hugh Grant, Charlotte Gainsbourg et Emma Mackey, l'écrivain Ken Follett, le mythique Mick Jagger et l'ex-entraîneur de l'Arsenal FC Arsène Wenger sont attendus.
Ce faste sera-t-il dommageable à l'image du président Macron, six mois après la crise des retraites et dans un contexte de forte inflation ?
En conviant Charles III à Versailles, le chef de l'Etat s'inscrit en tout cas dans les pas du général de Gaulle, qui avait fait du château une véritable carte de visite diplomatique. Il envoie aussi un signal fort au Royaume-uni.
Le roi, qui entend asseoir son image à l'international un an après son accession au trône, entamera jeudi la partie la plus politique de sa visite avec un discours à la tribune du Sénat, une première pour un souverain britannique.
Il mettra aussi en avant un sujet qui lui tient à coeur, l'environnement, lors d'une table ronde sur le réchauffement climatique qu'il clôturera avec le président Macron au Museum national d'histoire naturelle puis vendredi à Bordeaux, dans une région durement frappée par les incendies en 2022 et qui compte de nombreux Britanniques.
(B.Hartmann--BBZ)