AEX
1.5000
Trois aquariums européens vont collaborer pour favoriser la reproduction en captivité du poisson-scie commun (pristis pristis), espèce en danger critique d'extinction, ont-ils indiqué vendredi.
"On va complètement sur l'inconnu. Dans le monde, il n'y a jamais eu de reproduction de cette espèce" en aquarium, a reconnu Dominique Barthélémy, conservateur en charge du milieu vivant au centre de culture scientifique Océanopolis de Brest.
Dans les aquariums européens, il n'existe que quatre spécimens de cette espèce de raie, convoitée pour ses ailerons et inscrite sur la liste des espèces en danger critique d'extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Planet Ocean Montpellier abrite deux mâles de 16 et 17 ans, originaires d'Australie, tandis qu'Océanopolis et Oceanogràfic Valencia (en Espagne) ont chacun une femelle. Pour favoriser leur reproduction, les trois aquariums ont donc décidé de constituer deux couples.
La femelle d'Océanopolis va ainsi être transférée à Montpellier pour y rejoindre un mâle et le second mâle montpelliérain prendra la direction de l'Espagne pour rejoindre une femelle.
"S'il y a reproduction, on a convenu que le premier juvénile viendrait grandir à Brest", a précisé M. Barthélémy à l'AFP.
La reproduction n'est toutefois pas garantie car "on connaît mal le cycle biologique" du poisson-scie, même si de nombreuses espèces de raies et de requins se sont déjà reproduites dans de grands bassins, selon le conservateur.
Étape délicate, le transfert des poissons-scies va mobiliser une cinquantaine de personnes à Brest et Montpellier.
La femelle de Brest, âgée de 23 ans et mesurant 3,10 mètres, sera sédatée, placée dans une civière, son rostre protégé par une chaussette. Puis le transfert s'effectuera dans un camion équipé d’un bassin de six mètres de long, d’une contenance d’environ 20.000 litres d’eau de mer.
Une fois la femelle arrivée à Montpellier, un mâle partira pour Valence à bord du même camion. La date du transfert, "imminent", est tenue secrète.
Nicolas Hirel, conservateur de Planet Ocean Montpellier, voit dans cette opération "l'occasion d'approfondir la connaissance scientifique sur le mode de reproduction de cette espèce finalement peu connue, et de participer à sa conservation", selon un communiqué.
Le 10 octobre, la Commission pour la Sauvegarde des Espèces de l’UICN a reconnu le rôle des jardins botaniques, aquariums et zoos dans la conservation des espèces et les a encouragés à collaborer "pour inverser le déclin de la biodiversité".
(Y.Yildiz--BBZ)